Les commerçants du marché Fontaine Fraîche ont jusqu'à aujourd'hui pour rejoindre le nouveau marché communal de Oued Koriche sous peine d'évacuation manu militari. Une mise en demeure, en ce sens, leur a été, en effet, adressée par l'APC, et ces derniers ne veulent pas se laisser attendrir. Ils contestent, en effet, la décision du maire de délocaliser ledit marché vers la cité Baucheray, situé à quelques centaines de mètres plus loin. Les griefs retenus par les 38 commerçants (toutes activités confondues) tournent autour du choix du site lui-même, jugé « inapproprié ». Le nouveau marché de proximité, construit par l'APC de Oued Koriche, occupe avec ses 9 boutiques et ses dizaines d'étals, le rez-de-chaussée d'un immeuble de la cité susnommée. Changement d'activité L'endroit est considéré « incommodant » pour l'activité commerciale de par son isolement. « C'est loin de tout », nous affirme-t-on. S'ajoute à cela, l'exiguïté des étals, dans lesquels seront casés la plupart des commerçants. La superficie d'un étal ne dépasse pas les 2 m2, « pas assez pour contenir nos marchandises », nous diront certains commerçants. L'autre raidillon du conflit réside dans le fait que cette opération contraindra inévitablement plusieurs commerçants à changer d'activité s'ils acceptent ce mouvement. « Pourquoi m'obligera-t-on à vendre des fruits et légumes alors que je n'ai fait que de la cordonnerie toute ma vie ? », s'indigne le savetier du marché. Ils considèrent également que le cahier des charges est « contraignant » et oblige les prétendants à s'acquitter de 4000 DA de loyer/étal et interdit par là même toute sous-location, qui conduira le cas échéant à un retrait de l'autorisation d'exploitation. Sur place, d'autres avancent l'argument des « investissements » qu'ils auraient consentis pour l'achat de matériel nécessaire pour l'exercice de leur activité et qu'ils devraient désormais abandonner, décision du maire oblige, « pour se convertir à un autre commerce » pour contester la décision de déplacer le marché en question. Pourquoi une telle résistance à cette réorganisation de l'espace marchand initiée par l'Assemblée communale ? Fait-il si bon négoce sous les ciselées bâches du vieux marché de Fontaine fraîche ? « Non », répondent unanimes les commerçants. « Bien sûr que nous voulons exercer dans un endroit qui sied à un véritable marché (...) ce que nous exigeons c'est une réorientation vers un autre site plus accommodant. » Après une brève visite aux nouveaux locaux du marché de la Baucheray, entièrement achevés ou presque (les conduites d'eaux usées du bâtiment souffrent des travaux d'étanchéité), nous nous rendons au siège de l'APC de Oued Koriche, théâtre, deux heures auparavant, d'une violente altercation verbale entre M. Sahi, P/APC, et le « représentant » des commerçants frondeurs. Mécontentement et convoitises Encore sous le choc de la dispute, le maire nous expliquera les propos décousus et toutes les difficultés qu'il éprouve pour amener les commerçants à ne voir que l'intérêt que représente pour eux cette délocalisation. « C'est un quartier qui est appelé à s'animer davantage à l'avenir (...) avec l'implantation de plusieurs projets d'habitations (...). L'axe routier est merveilleusement desservi, et croyez-moi, dans quelques années il vaudra de l'or », dit-il. Pour ce qui est de l'étroitesse des étals, il soutiendra que ces derniers ont été réalisés selon les normes. « Un travail en ce sens a été fait par un bureau d'études » et ajoute que « l'idée » d'exécuter l'agencement du marché lui est venue après un voyage effectué en région parisienne. Menaçant, le maire dira que « ces commerçants n'ont pas d'autre choix que de se conformer à la décision de l'APC qui a délibéré sur le dossier, sous peine de réquisitionner pour la circonstance la force publique » et que ceux-ci « savent » que les autorisations d'exercer qu'ils ont en possession portent le sceau du « provisoire ». « C'est même une faveur que de les repêcher, car le projet du marché communal est d'ordre social et destiné aux chômeurs de la commune », dit-il en pointant un doigt accusateur vers ceux qui font la fine bouche. Il est clair aussi que ce qui fait valser tout ce beau monde ne sont autres que les 9 locaux commerciaux du nouveau marché qui suscitent les convoitises des uns et des autres. « C'est à la commission technique, installée au niveau de la daïra, que reviendra la décision d'affecter à qui de droit ces locaux », conclura le maire.