Peut-on dire que les réseaux sociaux sont suffisamment protégés pour assurer la confidentialité des données de leurs abonnés ? «Relativement», réplique Harkat Mohamed Faouzi, enseignant et directeur du centre du réseau informatique à l'université Badji Mokhtar de Annaba. Pour ce spécialiste, «la protection absolue n'existe pas, car les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, Flicker, Viadeo, Myspace, etc. sont devenus l'une des principales cibles des pirates informatiques (hackers)». Et pour preuve, étaye-t-il, même le compte Twitter de Barak Obama, le président des Etats-Unis, a été piraté par «Hacker Croll», devenu célèbre depuis. Et ce n'est pas un cas isolé puisque chaque jour des milliers de comptes protégés par un simple «login/passoire» sont violés par des pirates agissant seuls ou en réseau. En janvier 2010, les comptes Gmail de journalistes étrangers ont été piratés deux mois après par des hackers en Chine, et d'autres ont visité les boîtes e-mails de deux députés français. La dernière attaque en date a concerné plus de 450 000 abonnés de Yahoo dont les données personnelles ont été piratées. «Les hackers agissent en recoupant des adresses e-mail publiques. Avec des fonctions de ‘‘mot de passe oublié'', ils peuvent accéder à des sites sensibles», explique le directeur du réseau informatique de l'université de Annaba, qui reconnaît par ailleurs que même son réseau professionnel a été, l'année dernière, la cible d'un hacker étudiant. Sur les réseaux sociaux, c'est la vie privée des abonnés qui est en jeu. «A l'issue d'une simple recherche sur Google avec des mots clés sur ‘‘identifiant'' et ‘‘mot de passe'' permet de collecter plus de 10 millions de sites web en langue française dont la protection est assurée par un simple mot de passe. Autrement dit, les données de toutes sortes confiées à des réseaux sociaux ou sites protégés peuvent être facilement violées, volées, modifiées ou, si besoin est, détruites. Pis, toute cette opération est réalisée à l'insu de leurs propriétaires, et souvent sans même qu'ils s'en aperçoivent», affirme le jeune Litim Karim, spécialiste en sécurité informatique chez SABA, une entreprise spécialisée à Annaba. Karim s'étale sur le sujet en abondant : «Il est illusoire d'imposer des mots de passe longs et compliqués, et vain de lutter contre le vol de mots de passe. Bien que relative, la seule solution pour protéger les réseaux sociaux, les informations du web et des internautes consiste à mettre en place les protections récentes qui existent. Car la course entre les éditeurs de logiciels de sécurité informatique et les hackers n'a jamais cessé.» En Algérie, la cybercriminalité a de beaux jours devant elle, estiment les spécialistes en la matière. Ce qui n'est pas le cas en Occident, où la justice prononce des peines parfois lourdes assorties de fortes amendes et prison ferme pour avoir simplement créé de faux profils sur Facebook. Chez nous, cette pratique est courante et aucun algérien, jusqu'à preuve du contraire, n'a pu s'offrir un procès, encore moins une condamnation.