Institut national des techniques hôtelières et touristiques de Tizi Ouzou (INTHT) est le premier, mais aussi le seul institut d'Algérie spécialisé dans la formation de techniciens supérieurs dans les domaines de l'hôtellerie et du tourisme L'Institut national des techniques hôtelières et touristiques (INTHT) Aboubakr Belkaïd, situé à la haute ville de Tizi Ouzou, continue de capter l'intérêt de centaines de jeunes avides d'une formation de qualité que leur confère un cadre pédagogique aussi édifiant que compétent. «La nouveauté, cette année, est la reprise de la formation de guide touristique local (GTL)», nous dit d'emblée le directeur de l'établissement, Saïd Ferhat, avant d'ajouter : «La profession de guide touristique local n'est pas vraiment réglementée. Certes, il y a un cadre juridique, mais c'est un créneau qui, avec le temps, doit être mis à niveau.» Cependant, la situation du secteur du tourisme au niveau local s'apprête-elle à relancer cette activité sur le terrain et guider des touristes en montagne, par exemple ? «Il reste beaucoup à faire. Il y a un effort qui est consenti et une évolution à Tizi Ouzou, mais ça reste insignifiant par rapport au potentiel qu'on pourra développer», rétorque le directeur. L'institut a formé une seule promotion de 33 guides touristiques entre 2007 et 2009, affectés à travers le pays. Toutefois, cette activité reprend au gré de l'évolution des agences de tourisme qui ont exprimé une demande, bien qu'elle soit timide. «En dépit de quelques manques en moyens pédagogiques et en équipement pour les besoins des stages théoriques et pratiques, je peux dire que nous sommes beaucoup mieux lotis. Cela ne nous empêche pas d'offrir une formation de qualité à nos stagiaires», dit le directeur. L'institut devra bénéficier, dans le cadre d'un programme européen en cours, d'équipements et de matériel de cuisine ainsi que de formations à l'étranger au profit des enseignants. Ouvert en 1972, l'institut est doté d'une capacité pédagogique de 350 places tous niveaux confondus. Il assure en deux années une formation de technicien supérieur (TS) dans deux filières : l'hôtellerie, qui se démembre en 3 spécialités, à savoir restauration, cuisine-pâtisserie et administration hôtelière. L'autre branche, le tourisme, est scindée en deux options : accueil et animation ainsi que production et distribution ; une formation à travers laquelle les candidats retenus seront chargés de l'organisation et de la distribution du produit touristique dans les agences de tourisme et de voyages.La capacité de l'institut a été revue à la hausse à la faveur de l'ouverture, en 2011, d'un nouveau bloc pédagogique. L'institut dispense également une formation de TS en cuisine dans son annexe de Tlemcen, un établissement mis en service en janvier 2004, avec une capacité pédagogique de 100 places. A noter que l'INTHT de Tizi Ouzou est le premier, mais aussi le seul institut d'Algérie spécialisé dans la formation de techniciens supérieurs dans les domaines de l'hôtellerie et du tourisme. «Avec le nouveau décret en préparation au niveau du ministère, nous allons introduire le niveau technicien en plus de diplôme TS que nous délivrons», ajoute notre vis-à-vis. D'ailleurs, «en attendant les arrêtés qui vont être élaborés par la tutelle, il y aura d'abord l'appellation qui va changer : INHT au lieu de INTHT. Cela impliquera une nouvelle carte de formation, des diplômes qui seront revalorisés et de nouvelles spécialités qui seront introduites», explique-t-on. Depuis 1972 à ce jour, l'INTHT de Tizi Ouzou a formé 4141 techniciens supérieurs, dont 179 stagiaires de nationalités étrangères. Des stagiaires brillants, selon le directeur, qui sont repartis exercer leur métier dans leur pays d'origine. L'établissement en a accueilli 10 en 2009 contre 2 l'année dernière. L'annexe de Tlemcen, quant à elle, a mis à la disposition du marché touristique et hôtelier 288 professionnels. 80% des effectifs, qui sont formés à l'INTHT, sont issus des wilayas du centre du pays. Le marché de l'emploi étant saturé à Tizi Ouzou, il ne peut pas absorber cette main-d'œuvre qualifiée. Les diplômés se ruent alors vers les wilayas du Sud pour une place dans les bases de vie des compagnies pétrolières nationales et étrangères, le transport maritime, les hôpitaux et autres, les établissements de para-hôtellerie ainsi que les grands hôtels des côtes Ouest et Est. Certains d'entre eux optent pour une inscription dans un autre établissement à l'étranger dans le but de poursuivre leur formation et y travailler surtout. Tizi Ouzou ne compte que 49 hôtels, dont 3 établissements étatiques gérés par l'Entreprise touristique de Kabylie (ETK). Il faut savoir aussi que sur les 49 hôtels que compte la région, 31 seulement sont en activité. «Les établissements hôteliers de Tizi Ouzou sont rarement dotés de personnel qualifié. Beaucoup d'éléments manquent de formation ou travaillent sans qualification. Nos diplômés se retrouvent souvent, après le stage, confrontés à une autre réalité, à d'autres habitudes dans leur milieu de travail qu'ils intègrent sans pouvoir imposer ce que nous leur avons appris à l'institut, ce qui donne des prestations qui laissent à désirer ; il faut un suivi et un contrôle rigoureux.» L'INTHT de Tizi Ouzou a formé plusieurs générations dans les spécialités qu'il propose. Chaque année, pas moins de 200 diplômés qualifiés sont mis à la disposition des grands hôtels et restaurants du pays et des établissements para-hôtellerie. Le maigre parc hôtelier de la wilaya de Tizi Ouzou, les problèmes de l'insécurité et le désinvestissement dans la région font que les recrutements se font en dehors de la wilaya. «Jadis, des Tunisiens et des Marocains étaient formés ici, mais aujourd'hui, ils ont leurs propres instituts. Nos voisins ont fait des progrès pendant que nous régressons», dit en substance un employé rencontré au sein de l'institut. Des propos qui illustrent le contraste entre un institut prestigieux qui a formé une main-d'œuvre qualifiée dans le secteur du tourisme, un marché de l'emploi obsolète qui n'absorbe pas cette force de travail, d'une part, et, d'autre part, le retard remarquable dans le développement du secteur.