Un article paru dans le journal économique français La Tribune revient sur la décision des autorités algériennes d'octroyer au Qatar la construction d'un méga-complexe sidérurgique à Jijel plutôt qu'à un groupe local. L'Algérie se tourne vers le Qatar et ses immenses ressources financières. Alger vient de choisir l'émirat pour la construction d'un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel, 360 km à l'est d'Alger, d'une capacité de cinq millions de tonnes par an. Le ministre qatari de l'Economie et des Finances, Youcef Hussein Kamel, qui a signé un protocole d'accord avec le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi, a souligné que ce projet faisait partie «d'une série d'investissements» que le Qatar prévoit de réaliser en Algérie. Cet accord international se fait aux dépens du groupe privé algérien Cevital, dont le projet n'a pas été retenu pour des raisons obscures. En mars dernier, le patron du premier groupe algérien, en termes de chiffres d'affaires (2 milliards de dollars par an), Issad Rebrab, avait dénoncé le blocage de ses projets par le gouvernement. Une production de 5 millions de tonnes programmée. Le groupe Cevital (agroalimentaire, industrie, grande distribution) avait annoncé, il y a deux ans, son intention d'implanter un complexe sidérurgique dans la même région pour un investissement de 3,2 milliards de dollars après que le groupe égyptien Izz Steel eut renoncé à y concrétiser un investissement similaire pour 1,25 milliard de dollars. Mais il n'a reçu aucune réponse officielle du gouvernement, selon son patron. Et pour cause. L'Algérie et le Qatar devaient négocier cet accord. Aucune précision n'a été donnée sur le montant de l'investissement et le délai de livraison de cette usine qui sera détenue à 51% par des intérêts algériens. La future usine va produire dans une première étape 2,5 millions de tonnes d'acier long pour atteindre ensuite 5 millions de tonnes dans une seconde étape avec la production d'acier plat et des aciers spéciaux pour la fabrication de rails, selon Mohamed Benmeradi. L'Algérie a importé pour 10 milliards d'acier en 2011, soit 20% de sa facture globale d'importation. La demande en produits sidérurgiques, notamment le rond de béton, a explosé ces dernières années, tirée vers le haut par les investissements publics dans la modernisation des infrastructures de base et la construction de milliers de logements. La demande nationale en acier, actuellement de trois millions de tonnes par an, pourrait atteindre sept millions de tonnes en 2015, selon les prévisions d'ArcelorMittal Algérie. La filiale algérienne du géant mondial de l'acier, dont l'usine est basée à Annaba (extrême Est) est le seul producteur local d'acier avec un million de tonnes par an. Soit 80% de la demande nationale. Elle est confrontée depuis plusieurs mois à des mouvements sociaux et à des difficultés financières.