Après une pause, samedi après-midi, les combats ont repris hier matin avec beaucoup d'intensité à Alep entre les forces loyales au régime de Bachar Al Assad et les rebelles syriens. Le contrôle de la ville est crucial pour les deux parties. Retranchés dans plusieurs quartiers, les rebelles ont résisté difficilement à l'offensive des troupes régulières appuyées par des chars et des hélicoptères. Face au massacre qu'il prédit, le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé les pays «frères» à armer les membres de l'Armée syrienne libre (ASL) qui combattent «avec de vieilles armes». Dans un communiqué publié hier, il a réclamé également une réunion «d'urgence» du Conseil de sécurité de l'ONU pour protéger les civils. Le conseil militaire d'Alep appelle, de son côté, l'Occident à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie, ainsi que des zones sécurisées pour les déplacés. «Nous sommes prêts à faire chuter ce régime», affirme son chef, le colonel Abdel Jabbar Al Oqaidi, ajoutant qu'Alep sera «le tombeau» de l'armée. Selon des opposants, des blindés ont tenté, à l'aube, de prendre d'assaut le quartier rebelle de Salaheddine, principale cible de l'armée, mais ils ont été repoussés par les combattants de l'ASL qui ont pu détruire un char. Des affrontements ont lieu aussi dans les quartiers de Bab Al Nasr et Bab Al Hadid, proches de la vieille ville classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), les quartiers de Zahraa et Arkouba sont aussi touchés. L'OSDH, qui fait état de 168 personnes tuées à Alep samedi, a annoncé aussi la mort d'au moins quatre personnes à Homs, à Irbine, dans la région de Damas, et à Idleb. Bachar Al Assad : « J'y suis, j'y reste !» Côté régime, le son de cloche est totalement différent. Selon l'agence officielle syrienne Sana, les forces de l'ordre ont mis en échec «des tentatives d'infiltration de groupes terroristes armés depuis le territoire libanais». Dans son édition d'hier, le journal officiel Al Watan a justifié l'offensive de l'armée syrienne. Il faut «éradiquer le terrorisme», a-t-il estimé. «La Syrie est la cible d'un complot mondial dont les agents sont les pays de la région», a renchéri, hier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, lors d'une conférence de presse à Téhéran, avec son homologue iranien, Ali Akbar Salehi, citant «le Qatar, l'Arabie Saoudite, la Turquie». «Toutes les forces anti-syriennes se sont rassemblées à Alep pour lutter contre le gouvernement et elles seront sans aucun doute vaincues», a-t-il prévenu, ajoutant que «le peuple syrien se bat aux côtés de l'armée» contre les rebelles. Dans la foulée de plusieurs pays occidentaux, le médiateur international pour la Syrie, Kofi Annan, s'est dit inquiet face à «la concentration de troupes et d'armes lourdes autour d'Alep». Dans un communiqué publié samedi, il a appelé les belligérants à travailler à une solution politique au conflit qui ensanglante le pays depuis 16 mois. François Hollande a souhaité pour sa part une intervention rapide du Conseil de sécurité de l'ONU, qui reste divisé sur la crise syrienne. Le pape Benoît XVI a, lui aussi, lancé «un appel urgent» pour que cesse «l'effusion de sang», demandant à la communauté internationale de n'épargner «aucun effort» pour parvenir «à une solution politique juste au conflit». Plus de 20 000 personnes sont mortes depuis le début du soulèvement, dont environ 14 000 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).