Les combats faisaient rage hier dimanche à Alep, une des grandes villes de Syrie avec ses 2,5 millions d'habitants, qui est considérée comme un véritable test pour l'opposition face aux troupes du régime, alors que des appels sont lancés pour une intervention urgente des 'amis de la Syrie'' et du conseil de sécurité de l'ONU pour éviter un massacre dans cette ville. Ville test pour l'opposition, Alep ne doit pas tomber aux mains du régime, auquel cas, ce sera toute la marche de l'opposition vers l'instauration d'un régime démocratique qui sera ruinée. Le régime d'Al Assad le sait, puisqu'il a déployé sur place un impressionnant dispositif militaire, selon l'opposition. A contrario, la 'libération'' de la ville d'Alep par les combattants de l'opposition est considérée par des stratégistes comme un élément crucial pour la chute du régime, Alep étant en quelque sorte un verrou politique et militaire qui ne doit pas retomber sous la coupe des forces du régime en place. Des centaines de combattants de l'opposition font face depuis deux jours à l'offensive des troupes de l'armée régulière dans plusieurs quartiers de la ville, notamment à Salahedine, al-Nasr et Bab el-Hadid», proches de la vieille ville d'Alep, classée au patrimoine mondial de l'Humanité par l'Unesco. Des explosions ont été entendues dans d'autres quartiers alors que l'aviation survolait la ville. Selon plusieurs témoignages, la situation est intenable dans la ville, qui commence à être abandonnée par ses habitants, certains tentant de trouver refuge dans des quartiers plus calmes ou éloignés des zones de combat. Le colonel Abdel Jabbar al-Oqaidi, qui dirige le conseil militaire de la rébellion à Alep a appelé dimanche les pays Occidentaux à instaurer une zone d'exclusion aérienne au-dessus du nord de la Syrie, avant d'accuser le régime de préparer «un massacre» à Alep. «Nous ne demandons à l'Occident qu'une zone d'exclusion aérienne (...). Nous sommes prêts à faire chuter ce régime», a affirmé le colonel Abdel Jabbar. Selon les autorités syriennes, l'offensive de l'armée régulière vise à «libérer Alep des terroristes» et des «jihadistes» de différentes nationalités étrangères, selon le journal Al-Watan. Des djihadistes de plusieurs pays font partie des combattants de l'opposition syrienne, dont des maghrébins, selon différentes sources. «Toutes les forces anti-syriennes se sont rassemblées à Alep pour lutter contre le gouvernement et, elles seront sans aucun doute vaincues» par les forces armées syriennes, a déclaré depuis Téhéran le chef de la diplomatie syrienne Mohamed Mouallem. En face, le colonel Al-Oqaidi réplique qu'Alep sera «le tombeau de l'armée syrienne». Samedi à Alep, 150 personnes, dont 22 civils, des soldats et rebelles ont été tuées depuis le début de l'assaut de l'armée syrienne contre les combattants de l'opposition, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Il a précisé que la localité de Mouadhamiyat al-Cham dans la province de Damas a été le théâtre de violents bombardements, qui ont tué 22 civils, et de combats meurtriers. Près de Hama, la localité de Karnaz était assiégée et pilonnée par l'armée qui bombardait également des quartiers de Homs, selon l'OSDH. ZONE D'EXCLUSION AERIENNE De son côté, le Conseil national syrien (CNS), principal groupe de l'opposition, a réclamé dimanche une réunion «d'urgence» du Conseil de sécurité de l'ONU pour empêcher les massacres de civils que le régime s'apprête à commettre, selon lui, à Alep, dans le nord du pays. Selon le CNS, «le régime syrien encercle Alep avec des chars, l'artillerie et des milliers d'hommes et se prépare à lancer une offensive sur la ville et à y commettre des massacres». Il a mis en garde «la communauté internationale contre des massacres que planifie le régime», et appelle «le Conseil de sécurité de l'ONU à tenir une réunion d'urgence pour débattre de la situation à Alep, Damas et Homs et prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils». Le CNS appelle également »les pays amis du peuple syrien à imposer une zone d'exclusion aérienne et à instaurer des zones sécurisées pour quelque deux millions de déplacés». Samedi soir, le président du CNS, Abdel Basset Sayda, a demandé aux pays arabes qui soutiennent l'opposition des armes et un soutien logistique pour l'armée syrienne libre (ASL), dont les membres combattent «avec de vieilles armes».»Nous voulons des armes qui nous permettraient d'arrêter les chars et les avions de combat», a ajouté M. Sayda. Il a également estimé que le président Bachar Al Assad devrait être arrêté et jugé pour crimes. « C'est un criminel et il ne devrait pas se voir accorder un refuge». Il a ainsi annoncé que l'opposition allait s'adresser à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, après le triple veto russo-chinois au Conseil de sécurité contre des projets de résolutions condamnant le régime de Damas. En outre, le chef du CNS a suggéré la formation d'un gouvernement de transition qui serait dirigé par une personnalité engagée dans le soulèvement dès son déclenchement. «Nous étudions l'idée (d'un gouvernement de transition) et nous allons entrer en contact avec toutes les forces sur le terrain en Syrie», a ajouté M. Sayda. Si Moscou a mis en garde contre le soutien désastreux à la rébellion qui conduirait le pays vers la guerre civile et estimé illogique un départ dans les circonstances actuelles de Bachar Al Assad et la fin de son régime, plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à l'offensive des forces armées syriennes contre la ville d'Alep. Washington craint un nouveau «massacre», alors que le président français François Hollande souhaite une intervention rapide du Conseil de sécurité de l'ONU, toujours divisé sur la crise syrienne.