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Un lieu de mémoire
Ighuraf imazighen
Publié dans El Watan le 13 - 03 - 2006

Tous les chemins mènent à Ighuraf imazighen(1) (les moulins berbères). Militants de la cause berbère, gourmets, nostalgiques et adeptes de la viande salée se donnent rendez-vous chez Haïfi Ramdane, Da Ramdane pour les intimes. Et les autres. Yeux rieurs, physique d'ancien sportif, il trône derrière le comptoir et prête une oreille attentive à tous ses clients.
Ighuraf imazighen a su se démarquer des dizaines de restaurants kabyles de la capitale française. Il se distingue par deux originalités. Le bar-restaurant a une démarche citoyenne, militante. Dans la première salle qui sert de café, les discussions animées sur la place de la langue berbère en Afrique du Nord et ailleurs ne finissent jamais. Il faut dire que le patron est dépositaire de la mémoire du militantisme berbère à Paris. Il a été de tous les combats. « Une encyclopédie berbère vivante », témoigne un client. Ce n'est pas Saïd Kejat, ancien membre du Mouvement culturel berbère, section immigration et fondateur d'Imazighen Cola, qui va dire le contraire. Les deux hommes se sont connus lors d'une réunion du MCB juste après l'assassinat de Matoub Lounès. A 57 ans, Da Ramdane fait figure de sage, de référent. A la moindre polémique sur une date ou un détail quelconque, les militants se tournent vers lui. La réponse arrive, précise. Sur les murs, les photos encadrées des principaux militants berbères. Mohand Arab, Menouar Khelifa, Slimane Azem, Farid Ali... Il ne manque personne. « Si, il manque celle de Si Djilani d'Agouni Bouragh. Je ne suis pas parvenu à la trouver, si elle existe », regrette le collectionneur. Avec Silmane Azem, il sillonnait les rues de Paris en distribuant des tracts militants. « Pour moi, ce soir est un pèlerinage dans un des lieux sacrés de tamazight parce que, quelque part, c'est ici que le mouvement amazigh en Afrique du Nord est né », s'enthousiasme Ouzzin Aherdan, créateur d'une revue berbère au Maroc et l'un des organisateurs du Congrès mondial amazigh, qui se tiendra cette année aux Iles Canaries.
Da Ramdane, une encyclopédie vivante
Dans la deuxième salle, les discussions sont plus discrètes. Les clients savourent la grande spécialité de la maison : le couscous de blé à la viande salée. « Il n'y a pas beaucoup de restaurants qui ont de la viande salée dans leur menu. Même en Algérie, cela n'existe plus. Plus personne ne sale la viande. C'est dommage car c'est succulent », se régale Mehdi, voisin de Da Ramdane en Kabylie, de passage à Paris. C'est à 20 ans que Da Ramdane quitte son village natal, Ifnaïn, pour Paris. « Je suis parti de Kabylie une année après mon mariage. J'ai travaillé dès l'âge de 14 ans comme journalier. En arrivant en France, je faisais la plonge dans un restaurant la journée et la nuit je gardais un garage », se souvient l'ancien enfant d'Ifnaïn. Entre les deux boulots, il s'adonnait à sa passion favorite : le karaté. Il est 2e dan. Près de 30 ans plus tard, l'appel du pays se fait pressant. « Je rêve de repartir m'installer définitivement en Kabylie. Je vais acheter une vache et un âne. Je pense le faire dans cinq ans », espère Da Ramdane. Il l'a promis à sa mère, pour ne pas couper totalement ses attaches avec son village, le restaurateur s'est reconverti en homme d'affaires en Algérie. Il y a ouvert une station-service et construit des locaux commerciaux. Sa retraite risque d'être plus agitée, loin de l'image d'Epinal du paysan se rendant sur ses terres à dos d'âne et tirant sa vache derrière lui. Et le militant, lui, ne prendra jamais sa retraite. Tant que les moulins berbères continuent de tourner. Et à donner la meilleure huile d'olive.
-(1)Ighuraf imazighen, 85, rue de Buzenval, 75020, Paris


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