Des protestations, des émeutes, parfois violentes comme cette année à Biskra et à El Oued, surviennent de manière récurrente chaque été. Les coupures d'électricité, impromptues, qui en sont à l'origine, durent parfois plusieurs jours. La croissance de la consommation électrique de notre pays est parmi les plus élevées au monde. 14% d'une année à une autre. Depuis le début de l'été, elle a encore enregistré de nouveaux records : 9000 MW avec 22% de croissance dans la région de Oued Souf où l'on projette enfin d'implanter une nouvelle centrale. L'Algérie est-elle confrontée à une crise énergétique ? Quelle est la place des énergies renouvelables ? C'est en substance les questions développées par trois invités d'une conférence-débat du Réseau algérien des médias de l'économie verte et de l'environnement (Rameve) : Aziz Ameyout, directeur de conduite système à l'Opérateur Système (OS), filiale de Sonelgaz, Adjib Radi, sous-directeur de la direction électricité au sein de la Commission de régulation d'électricité et du gaz (CREG) et Salim Kehal, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER). Selon M. Ameyout, l'offre nationale est de 11 000 MW, donc elle ne fait pas défaut. Les coupures et les délestages sont dus à des problèmes techniques et pour préserver les équipements et le réseau. Cette situation, explique l'expert de l'OS, découle des orientations prises par les pouvoirs publics dans les années 1990 qui misaient sur les investissements directs étrangers. Ils ont réorienté leur politique en 2000 pour réaliser 12 000 MW supplémentaires en 2017. M. Adjib Radi a estimé que «le recours à la climatisation, notamment en été avec une température de plus de 50 degrés à l'ombre au sud du pays, est un droit légitime». Le pic de consommation est passé «progressivement de l'hiver à l'été, à partir de 2003, en raison notamment du changement des habitudes de consommation chez les ménages algériens». M. Kehal, le seul à avoir abordé les énergies renouvelables, a plaidé pour un mix énergétique pour la production d'électricité en rappelant que les premières centrales étaient hydrauliques et qu'il n'y aura pas de Hassi Messaoud bis. L'intégration des énergies renouvelables exige un cadre réglementaire, un cadre fiscal et un désengagement de l'Etat. L'ouverture au privé permettra de réaliser le bond nécessaire pour le développement des énergies renouvelable. Pour lui, l'objectif de Sonelgaz de réaliser 40% de sa production d'électricité d'ici 2030 avec les énergies renouvelables reste dans le domaine de l'utopie. Le Réseau algérien des médias de l'économie verte et l'environnement a été créé en juin 2012 à l'initiative de journalistes et acteurs de l'écologie désireux de porter à l'attention du grand public les questions environnementales en s'appuyant sur le partage de connaissances, la mutualisation des informations et des rencontre avec les spécialistes de ces enjeux.