A cette question de savoir pourquoi y a-t-il beaucoup de coupures d'électricité en cette période estivale et surtout ramadhanesque, des spécialistes ont animé une conférence organisée par le Réseau algérien des médias pour l'économie verte et l'environnement (RAMEVE). Est-il important de rappeler d'emblée que le RAMEVE a été créé en juin dernier à l'initiative d'un groupe de journalistes et opérateurs spécialisés dans les questions de l'environnement et du développement durable, expliquent, par ailleurs, les initiateurs de ce réseau. Ensuite, il est tout aussi important de signaler qu'ont été présents à cette conférence sur la problématique des coupures récurrentes d'électricité enregistrées depuis le début de l'été, des représentants des institutions chargés de la gestion et de la régulation d'électricité, des établissements ainsi que des chercheurs. C'est ainsi que le directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz, M. Aziz Ameyoud, reconnaît que la demande en électricité a connu fin juin un pic de plus de 8.800 MW avec deux sommets de sollicitation de capacité enregistrés en début de l'après-midi et en début de soirée. Ce qui se traduit par une augmentation de la capacité mobilisée par le parc national de centrales, et qui provoque donc le plus souvent des problèmes techniques au niveau des installations de distribution et qui sont, dans une large mesure, à l'origine de ces coupures, explique M. Ameyoud. Il ne faut pas oublier que le mois de Ramadhan coïncide cette année, comme l'année dernière d'ailleurs, avec la période d'été et donc de fortes chaleurs à travers le territoire national. Les citoyens ont plus recours aux climatiseurs pour avoir un peu plus de fraîcheur, ceci explique également cela. L'autre explication fournie par le responsable de l'Opérateur système (OS) "Les autorités ont attendu jusqu'au début des années 2000 pour changer cette orientation du fait que la première option n'avait pas apporté les résultats escomptés", a-t-il poursuivi, ajoutant que les investissements publics consentis actuellement pour renforcer la production nationale d'électricité représentent, en effet, "un effort de rattrapage par rapport à la période précédente. Pourtant, il faut bien le préciser, l'offre nationale en électricité ne fait pas défaut puisque la capacité installée est estimée actuellement à plus de 11 000 MW, même si la capacité réelle, c'est-à-dire celle mobilisée, est inférieure d'un millier de MW (10 000 MW) pour une demande globale de près de 9 000 MW, come l'indique d'ailleurs si bien M. Aziz Ameyoud. Pour sa part, M. Salim Kehal, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) remarque que "L'absence d'un véritable mix énergétique, l'importation d'équipements énergivores et la négligence de l'aspect de l'efficacité énergétique lors de la construction des logements ont contribué à la hausse de la consommation", a-t-il expliqué. De plus, il estime que les besoins réels seraient vraiment inférieurs aux chiffres affichés avec la mise en place d'une stratégie nationale et intégrée pour l'efficacité énergétique. De son côté, M. Adjib Radi de la Commission de régulation d'électricité et du gaz (CREG) relève que le pic de consommation est passé progressivement de l'hiver à l'été à partir de 2003 en raison notamment du changement des habitudes de consommation chez les ménages algériens. Ce passage de pic explique ainsi la forte croissance annuelle de la demande nationale d'électricité estimé à 14% et qui a atteint 22% en 2012 pour les seules régions de Biskra et d'El Oued. D'autre part et évoquant le cas du délestage, le directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz, M. Aziz Ameyoud a souligné que celui-ci constitue "un dernier recours pour redresser l'équilibre entre l'offre et la demande. Une grande partie des coupures survenues récemment sont dues à des problèmes techniques et non à des arrêts programmés, a-t-il déclaré. Par ailleurs, le représentant de l'OS a, en outre, rappelé que la situation actuelle "résulte de l'approche adoptée par les pouvoirs publics durant les années 1990" et qui misait sur les investissements directs étrangers pour répondre à la demande interne en électricité "pour des considérations économiques et sécuritaires". Les pouvoirs publics misent sur une capacité installée supplémentaire de 12 000 MW en 2017, soit plus du double de l'offre actuelle, note, d'autre part, le représentant de l'OS.