- Votre association soutient les personnes handicapées. En quoi consiste vos actions ? Il s'agit d'un soutien pour la vie quotidienne. Nous aidons certaines personnes à construire des rampes d'accès à leur logement ou à aménager leur cuisine pour qu'elle soit accessible en fauteuil roulant. Nous apportons aussi une aide financière. Car le handicap coûte cher, plus de 8000 DA par mois pour une personne, et juste pour les frais quotidiens, les sondes, les couches ou la rééducation par exemple. Un fauteuil roulant coûte 20 000 DA et dans le meilleur des cas, il faut en acheter un neuf au bout de trois ans. Or, du fait de leur handicap, ces personnes n'ont pas de travail. Dans le cas de certains hommes, le handicap fait perdre toute ressource à une famille entière.
- Vos revendications pour la prise en charge des personnes handicapées sont les mêmes depuis 2009. Cela veut-il dire que l'Etat n'a rien fait ? Quelques aménagements d'accessibilité ont été faits dans certains lieux publics, mais beaucoup reste à faire. Nous demandons toujours aux pouvoirs publics de construire des bâtiments publics accessibles aux handicapés. Il faut comprendre qu'une marche est un obstacle. Nous souhaitons également que les couches pour adultes soient prises en charge par la Sécurité sociale. Enfin, pour les enfants, les lycéens et les étudiants, l'Etat doit financer un fauteuil roulant tous les 2 ans. Cette prise en charge existe déjà, mais le fauteuil n'est renouvelé qu'au bout de 5 ans. Or, étant donné l'état de nos routes et de nos trottoirs, au bout de 3 ans, un fauteuil ne roule plus.
- Vous organisez aussi des actions de prévention. Aujourd'hui, la plupart des membres de notre association sont handicapés à cause de la violence routière. Nous considérons que ce n'est pas la route qui tue mais le manque de civisme, et le civisme ça s'apprend. Nous menons donc des actions de sensibilisation dans les écoles, pour enseigner aux enfants à marcher sur les trottoirs et à traverser sur les passages cloutés. Pendant le Ramadhan, nous avons pu, pour la première fois, sensibiliser les conducteurs près d'une grande salle de spectacles. A chaque fois, ce sont des victimes d'accidents de la circulation qui mènent ces campagnes de prévention. Même si nous réussissons à agir dans plusieurs wilayas, notre action est limitée par le manque de moyens. L'Etat algérien doit organiser une sensibilisation nationale et débloquer des fonds. Il faudrait commencer par un module obligatoire dans les programmes scolaires.
- Le nombre de tués sur les routes algériennes augmente encore. Faut-il être plus répressif ? La répression n'est pas la solution. La loi est sévère, pourtant le nombre d'accidents de la route a doublé. Ceux qui font le plus de dégâts sont ceux qui ne sont pas concernés par les lois. Ils se disent qu'ils sont impunis et qu'ils peuvent se permettre de faire des dégâts sur la route. Dans ces conditions, le permis à points nous paraît mieux adapté. Il doit être mis en place en novembre 2012. Ce dispositif a déjà porté ses fruits dans les pays anglo-saxons et je suis sûre qu'il sera efficace en Algérie. L'Algérien est prêt à payer beaucoup d'amendes, mais il refusera de perdre son permis de conduire. La voiture est un outil très important. Je suppose que lorsque quelqu'un perdra des points, il se remettra en question.