Les citoyens de la commune de Bouzeguène doivent se réveiller au milieu de la nuit pour faire provision d'eau. La population de Bouzeguène (60 km à l'est de Tizi Ouzou) subit ces dernières semaines un rationnement drastique de l'alimentation de l'eau potable. Après 1 jour sur 3 depuis le début du mois de juillet, la restriction est passée, aujourd'hui, à 4 heures d'alimentation tous les 4 jours alors qu'à la cité des 350 logements de Loudha Guighil, on est déjà à 4 heures tous les 10 jours. Certains habitants des villages Aït Saïd et Ibouyesfene ne reçoivent plus d'eau ; les femmes vont la chercher dans des jerricans. Alors qu'à la source d'Aderdar qui alimente les villages, des milliers de mètres cubes d'eau se perdent dans la nature, les citoyens de Bouzeguène, eux, subissent le calvaire des robinets à sec. Depuis quelques années, les habitants de la localité se sont précipités vers l'achat de citernes pour stocker l'eau. A 17000 dinars l'unité, les fabricants de citernes ne chôment pas. «Ça va de mal en pis, s'indigne un habitant de Loudha Guighil, le cauchemar se répète, chaque été. Je suis obligé de stocker de l'eau dans deux citernes, mon voisin en a trois. Je veux acheter une autre par mesure de sécurité, mais je n'ai pas de place où la mettre, dans ma maison». Pourtant plusieurs milliards de centimes ont été investis pour améliorer la distribution de l'eau, mais les travaux n'ont jamais été menés à terme. Une nouvelle conduite principale a été posée depuis plus de quatre ans mais elle n'a jamais été mise en service. Un citoyen nous a affirmé, discrètement, avoir procédé, il y a une dizaine d'années, au piquage de la conduite principale qui passait près de sa maison. «J'ai beaucoup réfléchi avant de trouer ce gros tuyau», a-t-il affirmé, ajoutant que des dizaines de citoyens l'ont fait avant lui. La moitié des villageois ne paient pas l'eau depuis des années, alors que ceux paient sont harcelés et menacés de coupure d'alimentation pour une facture non réglée à temps. L'ADE enregistre, depuis quatre mois, un autre village d'Illoula qui refuse de payer. Mais ce qui est certain, c'est que d'autres villages s'inscrivent dans cette logique de refus de payement. La commune de Bouzeguène qui compte 23 villages est très mal lotie en matière d'alimentation en eau potable. L'ADE ne cesse de justifier ces pénuries, tantôt par une saison hivernale faible en pluviométrie, tantôt par la vétusté du réseau de distribution alors que les habitants, eux, parlent tout simplement de mauvaise gestion. Il est certain que la source d'Aderdar captée depuis la fin des années 1970, ne suffit plus au regard de la population de la commune qui a quadruplés. Si les capacités actuelles étaient utilisées rationnellement, le citoyen de Bouzeguène ne souffrirait pas de ces restrictions drastiques. Les autorités locales qui se murent dans un silence inquiétant doivent impérativement réagir pour envisager une solution définitive, celle du raccordement au barrage de Taksebt.