L'Espace Fadila Dziria à l'l'Institut national supérieur de musique (INSM), en face du Bastion 23, à Alger, a repris des couleurs samedi soir à la faveur du lancement de la septième édition du Festival national culturel de la chanson chaâbie. Un rendez-vous incontournable durant le Ramadhan. Le festival se déroulera jusqu'au 10 août. Chaque soir, cinq à six candidats seront sur scène pour interpréter un chant durant une quinzaine de minutes. Ils seront jugés par un jury chapeauté par Boudjemâa El Ankis. Plusieurs critères sont pris en compte dans les notations : possibilités vocales, mémorisation du texte, maîtrise de l'interprétation et du rythme, authenticité du texte et de la mélodie…Selon Abdelkader Bendaâmèche, commissaire du festival, 203 candidats se sont présentés aux présélections nationales à partir de février 2012. Aux demi-finales qui ont été organisées en juin à Mostaganem, Jijel et Alger, 92 candidats étaient présents. Au final, ils sont 31 à concourir représentant 14 wilayas. Sept prix sont prévus aux meilleurs interprètes. Samedi soir, ils sont tous montés sur scène pour interpréter ensemble Mabkach istimaar fi bladna, le célèbre chant de Hadj M'hamed El Anka, chanté pour la première fois en public en octobre 1962 à Alger, trois mois après la proclamation officielle de l'indépendance de l'Algérie. Fatah Touati de Annaba a été le premier à se présenter devant le public pour interpréter Ya sid el khelq koulha. Il a été suivi par Zohir Mazari d'Alger, lequel a chanté le mdih Ya el hadra zidou fi slatou. Après un long istikhbar, Allah Houria a repris en mdih aussi Zawdna fé hmak. Originaire de Ténès, Houria Allal, 22 ans, est membre de l'Association de musique arabo-andalouse, El Othmania, fondée par son père, Mohamed Allal. Natif de Mostaganem, Maâmar Belhacen, dont la voix rappelle celle de Youcef Bouadjadj, a pris le relais pour chanter Slat ou salam alik taoussa. Maâmar Belhacen est membre de l'Association Mesk el ghanaïm de Mostaganem. Dans le style ankaoui, Sid Ahmed Sayah de Aïn Defla a interprété Zid kether fi salatou. Pour chaque candidat a été donné un coffret contenant des CD de chansons interprétées entre autres par Hadj Mansour, Omar Mekraza, H'cicen, Abdelkrim Dali, Youcef Bouadjadj, à partir des textes de Si Lakhdar Benkhlouf. Un hommage est rendu cette année à ce poète mystique des Maghraoua du XVIe siècle, connu pour avoir participé à la célèbre bataille de Mazaghran contre les envahisseurs espagnols en août 1558. Qsset Mazaghran est un long poème de Sidi Lakdhar Benkhlouf racontant cette bataille. «Nous avons, dans les précédentes éditions, rendu hommage à des interprètes du chaâbi. Il fallait s'arrêter un peu pour rejoindre la poésie populaire. Les interprètes ont repris des poèmes. Et l'un des grands poètes est Benkhlouf. Il a rapporté beaucoup de choses. Le grand public ignore tout cet héritage. Sidi Lakhdar Benkhlouf est un célèbre inconnu», nous a expliqué Abdelkader Bendaâmèche. Selon lui, peu d'écrits ont été consacrés à Sidi Lakhdar Benkhlouf. «Il y a certaines personnes qui refusent de donner les textes prétextant qu'ils sont ‘‘mafkoudine'', rares. J'ai un projet de publication de 150 poèmes de Sidi Lakhdar Benkhlouf, avec une biographie réalisée à partir de ces textes. L'ouvrage sera édité à la fin de l'année. En quatre siècles, les textes ont été altérés. Il est venu le moment de les reprendre et de les nettoyer. Ce qu'a rapporté Benkhlouf peut être vérifié auprès des historiens. La poésie reste une référence essentielle dans la recherche sur la littérature populaire», a-t-il noté. Samedi soir, les cinq candidats ont laissé place à Kamel Bourdib qui a chanté avec beaucoup d'art et de maîtrise la qcida Salla Allah alik ya Mohamed nabina. A la fin du concert, Bourdib a lancé au public : «Je vous l'avais dit, l'Algérie sera un jour mieux que l'Amérique !» . Applaudissements. Un jour peut-être… Des Journées pédagogiques sont organisées en marge des concerts jusqu'à jeudi 9 août. Plusieurs thèmes y seront débattus : «Théorie musicale dans le chaâbi», «Genèse et perspectives du chant chaâbi», «La poésie melhoun en Algérie», «L'istikhbar», «lecture sociologique de la poésie chaâbie en Algérie», «lecture et analyse de la poésie ‘‘Al amana'' de Sidi Lakhdar Benkhelouf» et «Sidi Lakhdar Benkhelouf et la mémoire collective». Les conférences seront animées à la salle Moghari, à l'Institut national supérieur de musique (INSM) à Alger par Abdelkrim Amimour, Nacerddine Baghdadi, Mohamed Touzout, Mohamed Hmaïdia, Yacine Saâda, Abdelkader Bendamèche et Toudjine Bouasria. Les débats seront modérés par Noreddine Addad.