Le ministre de l'Education nationale tente de répondre, dans cet entretien, aux préoccupations actuelles à propos de certains problèmes liés à la rentrée scolaire. Des problèmes partagés aussi bien par les enseignants que par les parents d'élèves. Au premier jour de la rentrée, où en est-on arrivé avec la distribution des manuels scolaires ? Je peux affirmer que les manuels scolaires sont distribués déjà à un taux variant entre 85 et 90%. Le reste le sera au cours des jours suivants. D'ailleurs, pour les wilayas du Sud, la rentrée n'est prévue que pour samedi prochain. Par la même occasion, je voudrais préciser que, pour cette année, ce sont les directions de l'éducation nationale au niveau de chaque wilaya qui pilotent cette opération de distribution. Pour faire le point sur ce dossier, j'avais réuni justement, lundi dernier, les responsables chargés au niveau des 48 wilayas de superviser cette opération. Il faut également savoir que le prix de la distribution est désormais inclus dans le prix de vente des manuels scolaires. On assiste à une diminution d'un nombre estimé à 110 000 élèves qui rentrent cette année à l'école primaire. A quoi est due cette baisse selon vous ? Je tiens à préciser que c'est la cinquième année consécutive où l'on enregistre cette croissance négative pour ce palier de l'enseignement. Cela est principalement dû à la baisse de natalité parmi la population relevée ces dernières années. Une tendance qui a eu une répercussion directe sur le nombre des élèves scolarisés. A cette explication, pourront s'ajouter d'autres facteurs moins importants. Mais il y a lieu de signaler que les pouvoirs publics veillent à ce que tous les enfants en âge de scolarisation rejoignent nécessairement l'école. Comment comptez-vous pallier le problème de la surcharge des classes du primaire constatée au niveau de certaines wilayas ? Tous nos efforts iront prioritairement vers les neuf wilayas qui souffrent, à différents degrés, de ce problème de surcharge. On va recevoir graduellement de nouvelles infrastructures sur une période de trois ans. Cela va nous permettre d'améliorer les conditions de scolarité dans ces wilayas. Il est vrai, par exemple, que Tébessa enregistre un ratio de 43,87 élèves par classe, Biskra 43,71 et Djelfa 43,19. On a relevé que dans certaines communes et localités, ce ratio peut dépasser les 50 et même parfois les 60 élèves par classe. Cela contraste effectivement avec le taux national qui, pour cette année, est de l'ordre de 33,7. Il y a cinq ans, il était autour de 41. De toute manière, le gouvernement est décidé à réduire le plus tôt possible la surcharge des classes au niveau national. Comment comptez-vous lutter contre la déperdition scolaire qui a pris, ces dernières années, des proportions jugées alarmantes ? Pour être pratique et lutter contre la déperdition scolaire, il faut élargir le champ des filières scientifiques et technologiques. C'est pourquoi, à partir de septembre 2005, débutera au niveau de la première année secondaire la réforme de l'enseignement secondaire. A côté de cela, tout sera également déployé pour que obligatoirement chaque enfant effectue sa scolarité au moins jusqu'à la 9e année fondamentale. L'instruction est donc obligatoire, d'autant plus qu'elle est gratuite. La réforme du système scolaire a introduit l'enseignement de la langue française à partir de la deuxième année primaire. Comment est prise en charge cette démarche ? On a déjà lancé, en juin dernier, une opération de recrutement de près de 2000 enseignants pour assurer cette phase de la réforme. Alors que pour des wilayas comme Alger ou Oran, on a reçu plus de demandes que de postes prévus, d'autres comme Djelfa ou Laghouat, c'est le contraire qui est constaté. C'est-à-dire qu'on ne trouve pas encore le nombre suffisant pour prendre en charge l'enseignement de cette langue. On a exigé, pour cela, le niveau de licence de langue française. Une exigence qui participe au souci d'enseigner cette discipline avec un bon encadrement. A partir de cette année, l'éducation physique sera une épreuve obligatoire pour le BEF et le baccalauréat. Qu'avez-vous à dire à ce sujet ? C'est la loi sur la pratique sportive approuvée cet été par le parlement qui a consacré cette obligation. Et cela est valable aussi bien pour les garçons que pour les filles. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que le secteur de l'éducation a bénéficié de l'ouverture de 4000 postes budgétaires pour prendre en charge l'application de cette mesure. Au-delà de cette question, il ne faut pas oublier que c'est à partir du milieu scolaire qu'ont émergé, par le passé, un très grand nombre de nos valeureux sportifs. Le problème du ramassage scolaire se pose énormément dans certaines wilayas. Quelles mesures préconisez-vous ? C'est surtout à l'intérieur du pays que ce problème se pose avec plus d'acuité. On va essayer de dégager, à partir de la loi de finances pour l'année 2005, des subventions en direction des wilayas qui souffrent le plus. Il s'agit pour celles-ci de signer des conventions avec des transporteurs privés qui s'engageront à prendre en charge le ramassage scolaire grâce à des cartes qui seront octroyées aux élèves concernés par cette opération. C'est une démarche qui, une fois mise en application, contribuera à créer de l'emploi permanent, surtout pour les jeunes qui voudront acquérir des bus dans un cadre comme celui de l'Ansej.