La bande de Ghaza et son million et demi de citoyens sont totalement isolés du monde extérieur depuis l'attaque sanglante perpétrée, dimanche soir, par un groupe de terroristes contre une position militaire égyptienne dans le nord du Sinaï, près de la ville de Rafah. Palestine De notre correspondant L'une des premières mesures prises par les autorités peu de temps après l'attaque qui a fait 16 morts et 7 blessés parmi les soldats égyptiens a été la fermeture du terminal de Rafah, seule porte de sortie pour les habitants de l'étroite bande côtière qui subit un blocus israélien depuis plus de six ans. L'autre décision de poids a été celle de la destruction des centaines de tunnels creusés sous la frontière, utilisés par les Palestiniens pour s'approvisionner en divers produits de première nécessité, mais aussi dans différentes sortes de contrebande, y compris celle des voitures. Pour manifester son soutien aux efforts du gouvernement égyptien et surtout au président Morsi, membre de la confrérie des Frères musulmans, le gouvernement islamiste du Hamas, qui gère la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, a annoncé la fermeture des tunnels du côté palestinien. Les Egyptiens prétendent que les assaillants ayant tué les soldats gardes-frontières sont en relation avec des groupes jihadistes palestiniens qui utilisent les tunnels pour se déplacer entre la bande de Ghaza et l'Egypte, bien que plus de trois jours après ce grave incident, aucune preuve concrète de la participation d'éléments palestiniens n'a été apportée. Cependant, ce qui consolide la thèse d'une coopération avec des éléments se trouvant dans l'enclave palestinienne ce sont ces tirs d'obus à partir du territoire palestinien contre une position israélienne située près du terminal de Karm Abou Salem à la frontière égypto-israélienne, ayant coïncidé avec l'attaque de ce poste par les éléments qui ont tué les soldats égyptiens avant de pénétrer en territoire israélien dans un véhicule blindé qu'ils ont volé au niveau de la position militaire égyptienne. Dommages collatéraux Un hélicoptère israélien a détruit le véhicule blindé et tué tous ses occupants, qui ont montré une certaine naïveté et une méconnaissance totale des capacités de défense israéliennes, puisqu'aucun Israélien n'a été blessé. Israël a restitué, dans la nuit de mercredi, à l'Egypte les corps de 6 éléments impliqués dans les incidents du nord du Sinaï. Le reste du groupe, environ 28 individus, a disparu dans la nature. Avec la participation, pour la première fois depuis la signature des accords de Camp David, de forces de l'armée de l'air, des opérations de ratissage ont été entreprises dans plusieurs zones du nord du Sinaï. Un raid, hier, d'hélicoptères égyptiens de type Apache, dans le village de Toumah près de Cheikh Zouaiyed, à quelques kilomètres de la frontière avec Ghaza, a fait 20 morts parmi des activistes jihadistes. Tout indique que la campagne menée aujourd'hui par l'armée égyptienne, qui a juré de venger ses soldats, et qui semble perdre le contrôle de la péninsule du Sinaï depuis le début de la révolte populaire qui a balayé le régime Moubarak, n'en est qu'à son début et va durer dans le temps. L'Autorité palestinienne a vivement dénoncé le massacre des soldats égyptiens et a décrété un deuil de trois jours. Quant aux citoyens de la bande de Ghaza, les seules véritables victimes de ces tristes incidents, sans le vouloir, se retrouvent dans l'œil du cyclone. Les matériaux de construction acheminés par les tunnels ont disparu du marché. Certains produits ont vu leur prix doubler. Mais ce qu'ils craignent le plus c'est l'arrêt de l'approvisionnement en carburant qui augmentera le temps de coupures de courant électrique, surtout en ce mois de Ramadhan particulièrement chaud.