L'armée égyptienne qui a promis de venger ses seize gardes-frontières tués dimanche dernier, à Karm Abou Salem, près de la frontière avec Israël, par 35 adeptes du « Conseil de la choura des Moudjahidine » une organisation inconnue, est passée à l'acte. Elle a lancé, hier, matin à l'aube, au lendemain de leurs funérailles, une opération dite « aigle » sur trois fronts, une première depuis 1973. D'abord, une attaque aérienne contre trois véhicules tous terrains, à Toumah, un village à 20 km de Ghaza, réputé fief des groupuscules terroristes islamistes. Ensuite, une attaque avec des blindés soutenus par les bédouins excédés par les « oukases » des islamistes qui ont décrété « un émirat islamique ». Comme pour « étouffer » ces derniers, l'armée a lancé ensuite ses forces spéciales pour « détruire » les refuges des « islamistes » et les tunnels de contrebande creusés sous la frontière. Même le terminal de Rafah, unique point de passage entre le territoire palestinien et le monde extérieur à ne pas être contrôlé par Israël a été fermé. Ghaza de nouveau une prison à ciel ouvert ? Hamas crie au complot. Pour le mouvement palestinien, Israël est derrière l'attentat de dimanche. L'argument avancé ? Quelques jours avant l'attaque, les israéliens ont demandé à leurs ressortissants de quitter le Sinaï. « Israël veut avancer ses troupes de quelques kilomètres dans le Sinaï pour protéger ses frontières. Or, pour ce faire, il a besoin d'un prétexte. Maintenant, il peut dire que la sécurité dans la péninsule n'est pas assurée » explique Moustapha Al-Fiqi, un ancien diplomate égyptien. Selon les experts, cette opération au Sinaï ravivera immanquablement, les tensions oubliées entre Israël, l'Egypte et la bande de Ghaza. Et surtout, en Egypte où une « poussée des salafistes et des djihadistes pourrait provoquer, selon l'ancien Premier ministre russe et expert de la région, Evgueni Primakov, de très sérieux problèmes » au président Morsi. Engagé dans l'exercice de cohabitation avec le maréchal Tantaoui, il doit, dans cette affaire du Sinaï, coopérer avec Israël au niveau sécuritaire. Au grand dam des Frères musulmans, qui accusent, eux aussi, Israël d'être derrière la mort des 16 garde-frontières et de son opinion publique qui estime qu'il est « impératif de revoir les clauses de l'accord de paix entre l'Egypte et Israël de 1979 ».