Une panne générale qui ne dit pas son nom, en ce mois de jeûne torride, transforme la vie des Constantinois en cauchemar. La plupart des quartiers périphériques de Constantine étaient encore avant-hier et hier, jusqu'à l'heure où nous mettions sous presse, sans courant électrique. Les habitants des cités Zouaghi, 20 Août, 5 Juillet…ont, pour la troisième soirée consécutive, rompu le jeûne dans l'obscurité. Et si ce n'était que cela…juste après le f'tour, des jeunes sont sortis dans la rue et ont barricadé tous les accès au centre-ville en allumant des brasiers, accroissant encore la chaleur infernale sévissant en ce mois sacré. Des dizaines d'automobilistes ont fait demi-tour, empruntant, bien imprudemment, des sens interdits. L'on a certainement évité in extremis des catastrophes. Hier dans la matinée, un responsable à la SDE a fait une déclaration à la radio locale Cirta FM, disant, qu'à 1 h du matin, toutes les pannes, sans exception, étaient rétablies! Mais dès midi, des coupures brutales, tous azimuts, au niveau du centre-ville, boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean), la rue Larbi Ben M'hidi, El Kantara, sont venues démentir ces déclarations officielles. Et le compte est loin, bien loin de l'amère réalité. Aujourd'hui, l'on vit les conséquences terribles de ces pannes rétives, dont la réparation semble si problématique. Les patients atteints de maladies lourdes sont dans une situation très critique. D'autre part, il ne faut pas oublier que certains médicaments doivent impérieusement être gardés au frais, à l'exemple, entre autres, de l'insuline. Autres suites désastreuses de ces pannes: les boulangers n'ont pu livrer du pain, pénalisant ainsi toute une population, sans compter leurs propres pertes. Les autres commerçants ne sont guère mieux lotis, comme les bouchers, les marchands de volaille, les poissonniers, les laitiers, les marchands de glaces, etc. Des quantités astronomiques de marchandise avariée ont été jetées. Les familles ont vu, elles aussi, non sans regret, leurs stocks de denrées alimentaires se détériorer. Comme chacun sait, les gens entreposent de grandes quantités de nourriture dans les congélateurs en prévision du Ramadhan, par souci d'économie et de gain de temps. «Cette série de catastrophes, de cause à effet, était prévisible à la longue, commente un cadre de la SDE, ayant requis l'anonymat, car il n'y a pas eu de planification sérieuse ni investissement lourd pour avoir un réseau électrique moderne, capable de gérer toutes les situations; chez nous, on pratique la politique de la fuite en avant, et aujourd'hui tout le monde est face à ses responsabilités. Des cadres ont bien essayé d'émettre des avis, mais on se charge, plus haut, de les museler».