Hier, à l'université Abou Bakr Belkaïd, à Tlemcen, lors d'une rencontre sur l'évolution de la loi du travail et les mutations politiques et économiques en Algérie, organisée par le bâtonnat de Tlemcen et à laquelle ont assisté des avocats, des magistrats et des fonctionnaires, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a retracé les différentes étapes des lois qui ont érigé le monde du travail, depuis l'indépendance à nos jours. Rétrospective qui, même si elle montre l'évolution des textes législatifs, n'empêche pas des observateurs à constater que, sur le terrain, ces lois, en raison de leur non-application, n'ont pas réussi à assurer le droit des salariés. Un constat que ne semble pas partager le ministre, qui impute ce « malentendu » à l'ignorance des lois, sans faire allusion à la justice qui ne joue pas toujours son rôle. Tayeb Louh, qui a évité certains sujets sensibles, comme les problèmes de la sécurité sociale que vivent les assurés et les licenciements abusifs suite à la privatisation des entreprises, est resté inébranlable quant à la question du syndicalisme. « Je vais vous répéter que ce que j'ai dit il y a 18 mois, et mes propos sont mus par l'orientation mondiale : le syndicalisme, c'est le dialogue et non pas les conflits et les grèves. » Mais comment parler de dialogue quand les travailleurs sont souvent lésés dans leurs droits, au nom de la loi ? « Le recours à la justice est le meilleur chemin pour cela », a-t-il rétorqué. Maintenant sa position concernant l'exercice syndical, il dira : « Le gouvernement n'est pas encore prêt à reconnaître les syndicats indépendants, notamment le Cnapest, et ce n'est pas pour rien si l'Organisation mondiale du travail recommande une formation pour l'activité syndicale. » Pour ce qui est des travailleurs impliqués dans les actes terroristes, le représentant du gouvernement affirmera : « Ils doivent être réintégrés ou indemnisés, et ce, à la faveur des dispositions de la réconciliation nationale. » Au moment où se discutaient, dans une salle mitoyenne, « l'évolution de la législation du travail en Algérie et la faillite et la privatisation et ses conséquences sur la relation du travail », l'ancien président du Syndicat national des magistrats, aujourd'hui ministre, continuait de parler, avec la presse, du dialogue qui doit prévaloir entre les différents antagonistes en l'absence de syndicats indépendants.