L'expulsion pour 6 mois a été décidée à l'encontre de deux étudiants des Beaux-Arts, le 6 mars pour avoir eu « un comportement indécent et obscène dans les voies de circulation de l'enceinte de l'établissement », comme l'a indiqué l'un des étudiants concernés par la sanction, citant les propos du conseil de discipline. Accusé d'avoir eu des comportements provocateurs, le jeune homme et sa copine reprendront leur année universitaire, en septembre prochain. « Nous n'avons même pas été prévenus qu'un conseil de discipline a été organisé. On nous a convoqués et on s'est retrouvés devant une assemblée », affirment les deux étudiants. Qu'en est-il de ce comportement indécent pour justifier une telle sanction ? Il semble, selon les dires des deux étudiants, que ce « comportement obscène » fasse allusion à un « smack », soit un baiser. La sanction, du deuxième degré, s'applique, selon le règlement intérieur fourni par les étudiants, à des « récidives des infractions du 1er degré, entrave à la bonne marche de l'établissement, incluant violences, voies de fait, désordres organisés, vols, abus de confiance ». L'étudiant en question, président du comité autonome des étudiants également, semble avoir été prévenu par des proches et des professeurs qu'une sanction planait sur sa tête. « On m'avait déjà prévenu, que mes activités, un peu trop politiques à leurs yeux, faisaient que j'étais dans le collimateur de la direction », affirme l'étudiant suspendu. « Nous lui avons dit plusieurs fois de se tenir à carreau, de ne pas faire trop de bruit », affirme un professeur, joint par téléphone. Cette décision, prise, selon la même source, par un conseil de discipline qualifié de « fantoche », a suscité la colère des étudiants des Beaux-Arts. La mobilisation s'est enclenchée dès le lendemain de la nouvelle par le lancement d'une pétition ayant rassemblé 122 signataires. La punition est d'autant plus difficile à avaler pour la demoiselle qui, en première année, doit doubler l'année prochaine mais elle est, surtout, dans l'obligation de cacher cette décision à sa famille. « Ils se sont servis de moi pour l'atteindre. Quant à moi, j'encaisse », note-t-elle. La sanction a été prise suite à la rédaction d'un rapport signé par 17 travailleurs, qui estiment avoir vu la scène choquante, supposée avoir eu lieu samedi 17 février vers 15h. « Ce rapport a plus une allure de pétition à l'encontre de mes activités », se plaint le président déchu du comité autonome. « Ceux qui font partie des signataires du rapport sont des professeurs non grévistes qui avaient des comptes à rendre », affirme en outre le professeur. La directrice, qui a reçu une délégation d'étudiants en vue d'une révision de la décision, refuse de revenir sur sa décision, rappelle ce dernier. Une demande de recours a été présentée le surlendemain par l'intéressé, s'appuyant sur « l'irrégularité » de la procédure disciplinaire intervenue à son encontre et celle de son amie. « De toute façon, nous irons au tribunal si rien n'est fait », martèle l'étudiant. L'arrivée de la nouvelle directrice, Mme Aksous, entrée en fonction en décembre dernier, marque donc un nouveau conflit entre les étudiants et la direction. Envoyée directement par le ministère pour apaiser la tension latente entre l'ancien directeur, les élèves et les enseignants, elle a rapidement perdu sa popularité. « Nous pensions qu'elle prendrait des mesures d'apaisement suite aux grèves des semaines passées, mais c'est de la répression », affirme une étudiante de 1re année. Notons qu'il nous a été impossible de nous entretenir avec Mme Aksous, qui avait exigé une autorisation ministérielle pour l'entrevue. Devant l'absence de réponse des autorités compétentes, il nous a été spécifié en filigrane que cette décision restait une affaire interne à l'établissement, qui ne concernait en rien l'opinion publique.