La localité frontalière de Beni Snouss, au sud-ouest du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen, a été ébranlée dans l'après-midi de vendredi. Plusieurs centaines de jeunes se sont attaqués à des édifices publics : une salle polyvalente de jeunes, un laboratoire et l'infirmerie d'un CEM ont été saccagés avant d'être incendiés. D'autres biens publics ont été détruits par la furie juvénile : l'éclairage public et les routes ont été endommagés. Selon les premières estimations, les pertes sont considérables. Les émeutiers n'auraient avancé aucune revendication qui justifierait cette réaction violente. A la sortie du stade où se déroulait une rencontre de football d'interquartiers entre Beni Hamou et El Azaïl, des centaines de jeunes se sont mis à tout casser sur leur passage, créant une panique générale dans le village. L'intervention des forces de l'ordre, quelques heures après l'enclenchement des hostilités, n'a pas réussi à réduire la tension, ni à calmer les esprits. L'arrivée des renforts tard dans la soirée et les tirs de sommation ont permis la dispersion des foules. Selon nos informations, les affrontements n'ont causé aucune blessure sérieuse au sein des belligérants. D'après des sources sécuritaires, des interpellations et des arrestations ont eu lieu samedi matin. Selon un communiqué du cabinet de la wilaya, la région de Beni Snouss a bénéficié d'un important programme de développement qui a pris en charge l'ensemble des préoccupations des citoyens et une rencontre a eu lieu au mois de février dernier dans cette daïra avec la participation des citoyens et des autorités de la wilaya. Cette violente manifestation survient quelques semaines seulement après la colère de jeunes d'El Abed, limitrophe, qui, pour manifester leur désarroi, avaient franchi la frontière avec le Maroc, « un geste symbolique pour attirer l'attention des pouvoirs publics algériens ». Hier, la commune de Beni Snouss, dans un décor apocalyptique, semblait avoir recouvré sa sérénité, même si la tension demeure perceptible.