Le premier droit de toute personne handicapée est de ne pas l'être », a-t-on coutume d'entendre ici et là à l'occasion de grands évènements, à l'instar de la Journée mondiale des handicapés commémorée le 3 mars de chaque année. Mais hier, l'Algérie a célébré sa journée nationale et la wilaya de Constantine a été de la fête. A cette occasion, la direction de l'action sociale a choisi son propre slogan « Tous ensemble pour l'insertion du handicapé, de l'école jusqu'au monde du travail ». Tout un programme qui vise, selon le premier responsable de ce secteur, à roder les dispositifs déjà en place pour concrétiser cette ambition et à préparer les grands chantiers prévus dans ce cadre dans les années à venir. En marge de cet évènement du 14 mars et des actions envisagées pour sortir de leur ghetto et de leur solitude le maximum de handicapés, il faut reconnaître qu'on parle de plus en plus d'eux, même si la situation de la plupart est loin de correspondre à leurs vœux et les résultats pas toujours à la mesure des discours. Il est vrai aussi qu'on légifère plus souvent à leur propos et les textes de loi qui en découlent revêtent toujours un caractère d'urgence, synonyme de lendemains meilleurs, même s'ils sont pour l'heure rarement crédités des effets escomptés. Il n'en demeure pas moins vrai que tous les concepts et les lois en vigueur et celles qui restent à promulguer visent à assurer une meilleure prise en charge et surtout une bonne insertion des handicapés dans la société, et ce, à toutes les étapes d'un chemin hérissé d'épines, pourtant censé être balisé pour leur accorder une petite place au soleil. La première étape de cette insertion est, comme l'a rappelé le DAS de Constantine, d'assurer dans les meilleures conditions possibles la scolarité des plus jeunes. Une insertion qui apparaît de plus en plus impérieuse au regard des réalités du terrain où, sans un minimum de bagage scolaire, le handicapé se heurte à des difficultés souvent insurmontables au moment de son orientation professionnelle qui constitue, selon toute évidence, l'épreuve la plus pénible de son existence. Concernant les handicapés moteurs et les difficultés auxquelles ils sont constamment confrontés, figure en bonne place l'architecture inadéquate des bâtiments scolaires et des services publics bâtis en étages et pourvus d'escaliers qui découragent les plus tenaces d'entre eux. A cela viennent se greffer des moyens de transports dépourvus de commodités pouvant leur permettre un accès facile. On s'est rendu compte, d'autre part, que les chefs des établissements scolaires accueillent toujours avec une certaine appréhension un enfant handicapé moteur, surtout si celui-ci est appareillé et qu'il participe aux récréations. S'agissant de l'insertion des déficients auditifs, le chemin à parcourir semble encore plus escarpé. En effet, selon plusieurs avis autorisés, l'éducation et l'insertion de ceux qui sont privés des moyens de communication (surtout auditifs) sont d'une complexité telle qu'elles ne peuvent être que le fruit de la bonne cohésion des équipes pluridisciplinaires en charge de cette frange de la population. Sans oublier les efforts que doivent faire les pouvoirs publics au point de vue volet social et du marché du travail. Pour sa part, avec un effectif de 115 pensionnaires issus des wilayas de Constantine et de Skikda, l'école des jeunes sourds du Mansourah semble recueillir tous les suffrages qui s'expriment sur la qualité de l'enseignement prodigué et de la prise en charge psychologique. Des efforts à multiplier par deux, nous précise-t-on, dans la perspective de l'insertion des déficients visuels, notamment des aveugles qui exigent, a-t-on affirmé, bien plus d'attention de la part de l'Etat pour leur faciliter leur insertion dans la société, d'autant que le monde « normal » ne semble pas préparé à une cohabitation réellement en mesure de les faire sortir de leur isolement et de briser toutes les barrières physiques et psychologiques.