Lakhdar Brahimi, officiellement nommé vendredi médiateur international pour la Syrie, suscite déjà des réactions de la part du CNS et du pouvoir syrien. Il a déclaré qu'il faut parler désormais de guerre civile en Syrie et refuse de se positionner pour l'un ou l'autre camps pour ne pas entacher ses futures démarches diplomatiques. La nomination de l'Algérien Lakhdar Brahimi, comme nouveau médiateur dans le conflit syrien, a été officialisée vendredi. Mais l'émissaire onusien ne semble pas satisfaire le Conseil national syrien (CNS). Dans un communiqué rendu public dimanche, le CNS reproche au diplomate algérien son entrisme puisqu'il ne demande pas le départ de Bachar Al Assad. Dans une interview accordée samedi à France 24, Lakhdar Brahimi, 78 ans, s'explique : «Un fonctionnaire comme moi (de l'ONU) n'accepte pas une mission parce qu'elle est facile. La communauté internationale, les pays de la Ligue arabe et les pays limitrophes de la Syrie doivent s'entendre sur les mêmes points. Le plus important n'est pas la réussite ou l'échec de ma mission, mais le sort de la Syrie et celui du peuple syrien. Entre 15 et 20 000 morts ont été enregistrés et 1,5 million de Syriens ont besoin d'aide.» Cependant, arrogance ou provocation, le CNS va jusqu'à réclamer des excuses à l'envoyé onusien. «Donner à Bachar Al Assad le temps dont il a besoin pour détruire les fondements de la société syrienne est contraire à l'humanité et à la paix (…) Nous exigeons que l'émissaire, qui n'a pas consulté de Syriens à propos de sa mission, présente des excuses à notre peuple. Quiconque donne à ce régime criminel l'occasion de tuer des dizaines de milliers de Syriens supplémentaires et de détruire ce qu'il reste de la Syrie ne veut pas reconnaître l'ampleur de la tragédie», cite le CNS. Pourtant, Lakhdar Brahimi était précis. Il avait déclaré samedi à l'agence Reuters qu'«il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qu'il se passe». C'est donc cette déclaration qui a irrité les opposants au régime d'Al Assad, alliés des Occidentaux et des pays du Golfe, et en outre, armés par ces derniers. Le diplomate algérien avait également précisé qu'«il était prématuré de dire quoi que ce soit sur le contenu du dossier». Sur France 24 Arabic, Lakhdar Brahimi a indiqué qu'«on ne peut rester sans rien faire face à la situation syrienne, il faut essayer de trouver une issue». Il considère la démission de Kofi Annan comme un acte politique «très bénéfique pour la Syrie». «Chaque crise a ses particularités, je ne pense qu'il y ait des similitudes entre les crises irakienne et syrienne. Réaction du ministère des affaires étrangères La Syrie est différente de l'Irak et est différente du Liban. Personne n'ira en Syrie avec un dossier déjà préparé», a-t-il lancé. «Il y a beaucoup de gens qui disent qu'il faut éviter la guerre civile en Syrie, moi je crois que nous y sommes depuis déjà pas mal de temps. Il faut arrêter la guerre civile et ça ne va pas être simple», espère-t-il. L'émissaire de l'ONU promet de discuter avec toutes les parties, y compris les Russes et les Chinois. Lahkdar Brahimi a été reçu hier par le président français, François Hollande, à l'Elysée. Par ailleurs, le ministre syrien des Affaires étrangères a affirmé, hier, que qualifier la situation en Syrie de guerre civile était «contraire à la réalité», réagissant ainsi aux propos du médiateur onusien, Lakhdar Brahimi. «Parler de guerre civile en Syrie est contraire à la réalité et c'est un terme qui se trouve uniquement dans la tête des comploteurs. Ce qui se passe sur le terrain, ce sont des crimes terroristes qui visent le peuple syrien et qui sont perpétrés par des bandes salafistes armées soutenues par des pays connus», a indiqué un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères.