Le nouveau médiateur de l'ONU, Lakhdar Brahimi, reçu hier par le président français, François Hollande Le diplomate algérien, qui a accepté vendredi le poste d'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, a fait des déclarations aux médias dans lesquelles il précisa certains points afférents au contexte syrien. Le nouveau médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a affirmé dimanche qu'il ne s'agissait plus d'«éviter» la guerre civile dans ce pays, mais bien de l' «arrêter», au cours d'un entretien avec la chaîne de télévision France 24. «Une guerre civile, c'est la forme de conflit la plus cruelle, quand un voisin tue son voisin et parfois son frère, c'est le pire des conflits», a déclaré M. Brahimi, interrogé dans son appartement parisien. «Il y a beaucoup de gens qui disent qu'il faut éviter la guerre civile en Syrie, moi je crois que nous y sommes depuis déjà pas mal de temps. Ce qu'il faut, c'est arrêter la guerre civile et ça ne va pas être simple», a souligné le diplomate algérien. En Syrie, «le changement est inévitable, un changement sérieux, un changement fondamental, pas cosmétique (...). Il faut que les aspirations du peuple syrien soient satisfaites», a jugé M.Brahimi, sans préciser si le départ du président syrien Bachar Al Assad du pouvoir était nécessaire. L'opposition syrienne avait critiqué plus tôt dans la journée (dimanche) Lakhdar Brahimi pour ne pas avoir explicitement demandé le départ de Bachar Al Assad. Ancien chef de la diplomatie algérienne, M. Brahimi, 78 ans, a accepté vendredi de prendre la difficile succession de Kofi Annan, au lendemain de la décision du Conseil de sécurité de mettre fin à la mission des observateurs de l'ONU qui étaient chargés de surveiller un cessez-le-feu jamais appliqué. Nouveau médiateur des Nations unies en Syrie, Lakhdar Brahimi a l'expérience des missions difficiles, après avoir été envoyé de l'ONU en Afghanistan et en Irak. D'autre part revenant sur des propos quant au départ du président syrien, Bachar Al Assad, le nouveau médiateur de l'ONU, a précisé dimanche quant au fait de savoir si le moment était venu de réclamer le départ du président syrien Bachar Al Assad, lors d'un entretien téléphonique à la chaîne Al Jazeera du Qatar: «Concernant (la question de savoir) si M.Assad va partir ou pas, je n'ai pas dit que ce n'était pas le moment pour lui de partir», a déclaré le diplomate algérien, qui doit remplacer Kofi Annan à l'expiration du mandat de ce dernier le 31 août prochain. Selon des propos rapportés par l'agence Reuters sur la nécessité d'un départ de M.Assad, M.Brahimi avait dit: «Il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qui se passe». Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, s'était dit dans un communiqué «choqué» par ces propos et avait réclamé des excuses. M. Brahimi a estimé dimanche que c'était plutôt au CNS de lui adresser des excuses «car ils pouvaient m'appeler et me poser la question», assurant qu'un membre du CNS l'avait contacté samedi sans faire état de reproches de la part de l'organisation. Le diplomate algérien a invité l'organisation à discuter avec lui, tout en insistant: «Cette affaire est très importante, trop importante pour que j'en parle sur Al Jazeera ou sur d'autres médias». «Je suis actuellement en route pour New York afin de rencontrer les responsables des Nations unies (...). Après cela, je réfléchirai à ce sujet et à d'autres questions», a-t-il encore dit. «Je suis là et tout le monde peut venir (me parler) mais je ne m'adresse pas aux gens à travers les médias (...). Qu'ils m'appellent et nous parlerons de la Syrie comme ils veulent», a-t-il poursuivi. La nomination vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU de Lakhdar Brahimi a été saluée par l'Occident, par les alliés de la Syrie comme la Russie et la Chine et par le régime de Damas. Sur le terrain, les opposants expriment cependant souvent leur frustration devant ce qu'ils considèrent comme l'impuissance de la communauté internationale à mettre fin à la répression. Damas Parler de guerre civile est «contraire à la réalité» Le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé hier que qualifier la situation en Syrie de guerre civile était «contraire à la réalité», réagissant ainsi aux propos du nouveau médiateur international Lakhdar Brahimi. «Parler de guerre civile en Syrie est contraire à la réalité et (c'est un terme qui) se trouve uniquement dans la tête des comploteurs. Ce qui se passe sur le terrain, ce sont des crimes terroristes qui visent le peuple syrien et qui sont perpétrés par des bandes salafistes armées soutenues par des pays connus», a indiqué un communiqué du ministère repris par les médias officiels.