Tenue à l'écart du processus de paix palestino-israélien dont on connaît les résultats, l'ONU ne s'est pourtant jamais empêchée d'y jeter un regard et même d'en critiquer aussi bien la démarche que le contenu. Elle en est depuis peu aux conclusions, et lesquelles, devrait-on dire, car elles sont tout simplement alarmantes malgré quelques précautions de style. Il fallait bien que cela soit fait et que le monde entende autre chose. En finir avec le mensonge et les faiseurs de miracle. Que l'on sache, l'économie n'a jamais conduit à la libération des peuples et l'indépendance des Etats. Un postulat de base pour l'organisation internationale, décidée à dire la vérité. D'un trait de plume, elle vient de balayer les ultimes illusions. «Aucune institution politique ne peut survivre si elle s'appuie uniquement sur l'économie et manque de légitimité politique. Si on n'emprunte pas une voie politique menant à la création d'un Etat palestinien viable (...), je crains que les institutions palestiniennes ne finissent par ne plus être viables et s'effondrer», vient d'affirmer son représentant. Et d'ajouter sentencieusement que «tout n'est pas une question d'argent», contre l'avis de responsables internationaux, comme ceux du Fonds monétaire international (FMI) qui ne se privaient pas outre mesure d'attribuer des bons points à l'Autorité palestinienne, privée aussi bien de ressources que de prérogatives, Israël ayant le contrôle sur tout et sur tout le monde, jusque et y compris sur cette économie. Bien entendu, les check points israéliens ne sont que l'élément visible d'une situation bien entretenue avec tapis rouge et autres signes protocolaires. Et quand cela ne suffit plus, Israël ne se prive pas de procéder comme à un rappel à son ordre bien entendu, en s'emparant de tous les instruments de souveraineté et en fermant les espaces de liberté toute relative. Pourtant tout est faux, comme ces tapes sur l'épaule et ces sourires crispés. C'est la deuxième fois que l'ONU évoque l'effondrement de l'Autorité palestinienne. Avant de quitter son poste de secrétaire général en 2007, Kofi Annan en avait soulevé le risque au regard du blocage persistant du processus de paix. Des leaders palestiniens en parlent comme d'un alibi qu'il ne faut plus entretenir et dont il faut priver Israël, ne croyant même plus à la solution à deux Etats. Cette fois, l'ONU en fait une hypothèse forte en estimant que l'Autorité palestinienne, créée en 1994 dans le cadre des accords d'Oslo signés en septembre 1993, et dont l'existence ne devait pas excéder dix années, «est en train de perdre rapidement sa légitimité aux yeux de la population si elle n'est pas capable de faire avancer des objectifs politiques, la création d'un Etat palestinien vivant côte à côte avec Israël en paix et en sécurité». Quel avenir donc pour une institution devenue un carcan pour ses dirigeants, alors même qu'Israël a, dès 1995, décrété la mort du processus d'Oslo et que l'avenir est bouché ?