La Syrie coopérera avec le nouvel émissaire international, Lakhdar Brahimi, afin de mettre en place «un dialogue national» au «plus vite», a affirmé hier le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad. «Nous avons informé les Nations unies de notre position sur la coopération avec M. Brahimi, et nous sommes impatients de découvrir les idées qu'il va proposer pour résoudre les problèmes ici», a-t-il déclaré à l'issue d'une ultime rencontre avec le général Babacar Gaye, chef de la mission d'observation de l'ONU qui a pris fin dimanche. «Nous coopérerons sans aucun doute avec M. Brahimi comme nous avons coopéré avec les observateurs arabes et internationaux», a-t-il précisé. M. Brahimi a remplacé Kofi Annan en tant qu'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU. M. Annan, ex-secrétaire général de l'ONU, avait démissionné après l'échec de ses efforts pour un règlement du conflit en Syrie qui dure depuis plus de 17 mois. La Ligue arabe avait dépêché, fin 2011, en Syrie, des observateurs qu'elle avait rappelés finalement face à la recrudescence des violences. «Nous n'allons pas dire à M. Brahimi ce qu'il doit faire avant même qu'il n'arrive, il s'agit d'un expert international. Mais je pense qu'une bonne compréhension de l'évolution de la crise hors des pressions internationales est un point clé. Je pense que M. Brahimi va lancer un dialogue national le plus vite possible, car il n'y aura pas de vainqueur en Syrie comme le parie l'Occident.» Voyant dans l'ingérence étrangère la principale cause de la crise syrienne, il a exhorté M. Brahimi à «jouer un rôle actif» face aux parties qui ne veulent pas d'une résolution de la crise et en particulier celles qui arment et financent les terroristes, les extrémistes et les salafistes. Bombardements Au moins 24 495 personnes sont mortes dans les violences depuis le début en mars 2011 de la révolte en Syrie, a affirmé Rami Abdel Rahmane, chef de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Un total de 17 281 civils ont été tués en Syrie au cours des 17 derniers mois, dont ceux qui ont pris les armes pour rejoindre la rébellion, a indiqué le directeur de cette ONG basée en Grande-Bretagne. «Par ailleurs, 6163 soldats ont été tués ainsi que 1051 déserteurs qui avaient rejoint l'insurrection», a-t-il ajouté. Il est impossible de vérifier de façon indépendante ces chiffres, les autorités imposant des restrictions draconiennes aux médias étrangers voulant couvrir le conflit. La crise syrienne a pris un tour de plus en plus violent avec des combats à Damas et Alep, les deux principales villes du pays. Le conflit déstabilise la région. Hier, des avions de l'armée syrienne ont pénétré l'espace aérien irakien pour bombarder la ville-frontière syrienne de Boukamal tenue par les rebelles, ont indiqué des responsables irakiens. Un responsable du centre de commandement de la province d'Anbar, dans l'ouest de l'Irak frontalier de la Syrie, a confirmé les faits mais s'est refusé à fournir de plus amples détails. Le maire de Qaïm, située en face de Boukamal du côté irakien de la frontière, a de son côté fait état de bombardements contre Boukamal, mais a assuré qu'aucun avion syrien n'a pénétré en Irak. Tout s'est déroulé du côté syrien. Boukamal, l'un des trois principaux postes-frontières avec l'Irak, est depuis plus d'un mois aux mains des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) en lutte avec l'armée du régime du président Bachar Al Assad.