Le vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), en charge de la Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat (FEMIP), Philippe de Fontaine Vive, a donné une conférence de presse, lundi à Bruxelles, pour présenter une initiative (étude) sur les transferts de fonds des travailleurs immigrés dans l'UE vers leur pays d'origine. L'objectif de la BEI de « capter » les mouvements de capitaux des immigrés vers les pays partenaires méditerranéens (PPM) est, au-delà des bénéfices qui seront réalisés sur les coûts des transactions et autres soldes de réserves, d'intensifier l'investissement dans les PPM. Le projet est mené de concert avec les 10 pays du sud-méditerranéen. Philippe de Fontaine Vive a déclaré qu'il était la semaine dernière à Alger et qu'il se rendra, bientôt, à Rabat et Tunis. On l'aura compris, sur les 10 pays partenaires de l'UE, le « paquet » est mis sur ceux du Maghreb central. Les raisons tiennent à la forte présence immigrée de ces pays dans l'UE, ainsi qu'à la faible mobilisation de leurs capacités financières dans des projets de développement local. Excepté la Turquie et Israël, dont les systèmes bancaires sont modernisés et arrimés sur ceux de l'UE, les autres, en particulier ceux du Maghreb, ont des systèmes archaïques, qui laissent leur échapper une véritable manne financière, de loin plus importante que toutes les aides à la coopération. Les chiffres donnés par la BEI et la FEMIP sont hallucinants. Sept milliards d'euros ont été, officiellement, transférés pour l'année 2003, par exemple, alors que si l'on tient compte du réseau informel (marché parallèle), le montant passe à 13,6 milliards d'euros pour la même année, affirme l'étude. C'est plus que le montant global de l'investissement direct étranger (IDE), qui a été de l'ordre de 6,4 milliards de dollars, et de celui de l'aide publique au développement plafonnée à 4,3 milliards de dollars. La FEMIP se propose, tout en respectant les règles de la concurrence du marché financier, à mettre en place des mesures attractives afin de récupérer le marché informel. Il s'agit de réduire les coûts des transactions pour les utilisateurs, d'encourager la bancarisation des transferts de fonds... Concrètement, la BEI, à travers la FEMIP, développera des offres de service comme les prêts hypothécaires pour la construction ou l'achat de l'immobilier dans les pays d'origine, la création de PME... Cette politique volontariste sera, évidemment, accompagnée par une assistance de l'UE aux banques des PPM pour leur mise à niveau. Dans un premier temps, les systèmes de paiement des pays sud-méditerranéens seront interconnectés à ceux de l'Europe, pour progresser ensuite vers une meilleure synchronisation de toutes les opérations bancaires. Dans l'absolu, un tel projet remportera l'adhésion des immigrés, qui ne cessent de s'interroger sur l'inexistence de banques de leurs pays en Europe. Il reste à savoir si les gouvernants et gestionnaires des pays du Maghreb ont la capacité et la volonté de relever un tel défi.