Plusieurs organisations militantes, des députés du Front des forces socialiste (FFS) ainsi que des membres de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) ont répondu à l'appel lancé conjointement par SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA). Les forces de sécurité ont empêché le rassemblement sur la place du 1er mai. Le sit-in a donc eu lieu hier, à quelques mètres de l'esplanade publique. A l'occasion du 29e anniversaire de la Journée internationale des personnes disparues, un appel a été adressé à «l'Etat algérien pour faire la lumière sur le sort des personnes kidnappées au cours de la décennie noire, et ce, qu'elles soient mortes ou vivantes». Quelques mères de disparus apportent des témoignages. «Mon fils a été embarqué par les services de sécurité en 1994 à Bachedjerrah (est d'Alger). Je n'oublierai jamais ce jour-là. Il avait 28 ans. S'il est vivant, que le régime me rende mon bébé. S'il est mort, qu'il me donne son corps pour l'enterrer à côté de son père. Je ne veux pas d'argent. Je cherche la justice et la vérité. Dites leur de me rendre mon fils», espère Hadja Yemna, visage aux multiples rides, synonyme de fatigue et d'amertume. Le porte-parole de SOS Disparus, Hacène Ferhati, frère de deux enlevés, réaffirme et reste convaincu que «le dossier des disparus demeurera la tâche noire de l'histoire de l'Algérie, puisque le régime refuse d'affronter la vérité et fuit ses responsabilités». Les sympathisants de la cause des familles de disparus sont unanimes pour dire que «seule la vérité permettrait de mettre fin aux douleurs des proches, mais également à la désignation des coupables à l'origine de leur drame». Convention Sous le regard passif des citoyens, les personnes présentes au rassemblement indiquaient aux passants que «tout le monde est concerné». Selon le député du FFS, Mostefa Bouchachi, «on dénommbre environ 10 000 personnes disparues durant la décennie noire». Ancien président de la LADDH, Bouchachi pense que «l'Etat doit ratifier la Convention internationale contre les disparitions forcées, et cela ne sera possible qu'avec la pression de la société civile et des citoyens». Cette convention a été signée à Paris le 6 février 2007 par 91 pays, l'Algérie compris. En application depuis fin 2010, le texte en question a été ratifié présentement par 34 Etats. Notons qu'au rassemblement, outre ceux du FFS et de la LADDH, étaient présents des représentants du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), du Réseau de défense de la liberté et de la dignité (RDLD), du Mouvement de la jeunesse indépendante pour le changement (MJIC), et du Front du changement national (FCN). Les associations Amnesty International Algérie, Fadhma n'Soumer et Matoub Lounès se trouvaient également sur les lieux.