SOS Disparus et le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA) organisent, aujourd'hui à partir de 10h, sur la place du 1er Mai (Alger), un rassemblement pour exiger vérité et justice. Ce rassemblement coïncide avec la Journée internationale des personnes disparues. Une tache noire dans l'historie de l'Algérie, puisqu'une interrogation restera éternelle si le sort des disparus au cours des années 1990 demeure en suspens. «Quel sort a-t-on réservé aux Algériens partis sans revenir lors de cette période de violences ? S'ils sont vivants, où se trouvent-ils ?», ne cessent de demander les parents des victimes. Enlevés, tués et enterrés, toujours emprisonnés ? Autant de questions qu'adressent SOS Disparus et le CFDA aux autorités. Pour ces deux organisations, «justice ne sera rendue que lorsque les réponses seront apportées». «Le devoir de vérité s'impose», soulignent-elles. Contacté hier, Hacène Ferhati, porte-parole de SOS Disparus, indique que «la Direction du renseignement et de la sécurité (DRS) doit fournir les réponses à nos questions. Le dossier n'est pas clos et tant que c'est le cas, nous n'allons pas nous taire.» M. Ferhati reste convaincu que «des citoyens algériens enlevés pas les services de sécurité durant la période de violences restent incarcérés dans des prisons secrètes du DRS, notamment à Blida». «Nous nous demandons pourquoi demeurent-ils maintenus, pour quel motif ?» Il ajoute que «d'anciens officiers du DRS confirment cette thèse.» Par ailleurs, dans un communiqué rendu public hier, le CFDA «prend acte de l'appel de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) adressé aux autorités algériennes pour instaurer un dialogue avec les familles des disparus». «Dès 2002, dans un mémorandum adressé à M. Ksentini et au CNCPPDH, les familles de disparus présentaient leurs propositions pour un règlement juste du dossier», est-il précisé. Les familles des victimes de disparitions «réclamaient que la responsabilité de l'Etat soit reconnue, qu'une véritable politique nationale de réhabilitation des familles des victimes, ainsi qu'un processus d'établissement de la vérité sur les disparitions forcées soient mis en place et que l'indemnisation ne puisse à aucun moment remplacer et être exclusive de ce processus de vérité». Le communiqué ajoute que «les textes de la charte pour la paix et la réconciliation nationale consacrent l'impunité des auteurs de disparitions forcées, mais aussi celle d'auteurs de crimes graves comme la torture ou les assassinats extrajudiciaires ; qu'il s'agisse de membres des services de sécurité de l'Etat ou de membres des groupes islamistes armés». «Les familles de disparus n'ont pas cessé d'inviter les autorités au dialogue, notamment en faisant des propositions dans une charte alternative qui s'appuie sur les conventions internationales de protection des droits de l'homme ratifiées souverainement par l'Algérie», est-il mentionné. Toutefois, le CFDA et SOS Disparus tiennent à préciser qu'«aucun dialogue ne peut avoir lieu sans un minimum de confiance entre les participants (…). Au regard des pratiques autoritaires et répressives du régime à leur égard, nos deux associations considèrent que rien, dans le comportement actuel des autorités, ne laisse penser qu'elles ont la volonté d'ouvrir un dialogue sérieux, dans un contexte de confiance mutuelle, destiné à prendre en compte les revendications légitimes de vérité et de justice des familles de disparus fondées sur les obligations juridiques internationales de l'Etat algérien». Sur un autre point, le CFDA et SOS Disparus suggèrent que «les autorités pourraient entreprendre l'identification par des tests ADN des milliers de personnes enterrées sous X dans plusieurs cimetières d'Algérie, notamment à El Alia».