La sécheresse aux Etats-Unis, premier exportateur mondial de maïs et de soja, a fortement réduit les rendements des cultures cette année. La Banque mondiale (BM) s'est montrée inquiète face à la flambée des prix des produits alimentaires qui atteignent de nouveaux records, en raison de la sécheresse aux Etats-Unis et menacent la «santé et le bien-être» de millions de personnes. «Nous ne pouvons pas tolérer que cette envolée historique des prix fasse peser un risque permanent» sur les populations pauvres, s'est alarmé Jim Yong Kim, président de l'institution, dans un communiqué rendu public. La BM s'inquiète tout particulièrement du niveau «sans précédent» atteint dès juillet dernier par les cours mondiaux du maïs et du soja, deux produits de base de l'alimentation dans de nombreux pays en développement. Entre juin et juillet derniers, les prix du maïs et des graines de soja ont respectivement bondi de 25 et 17%, alors que les prix des produits alimentaires dans leur ensemble augmentaient de 10%, d'après les chiffres de la BM. La tendance s'est poursuivie fin août dernier, quand ces deux céréales ont atteint de nouveaux sommets. La sécheresse aux Etats-Unis, premiers exportateurs au monde de maïs et de soja, a fortement réduit les rendements des cultures cette année, tandis qu'un été très sec en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan a affecté la production de blé. Jeudi dernier à la Bourse de Chicago, le contrat de référence sur le boisseau de blé a clôturé à 9,03 dollars, contre environ 6,5 fin 2011. Sur cette même période, le contrat de référence sur le soja a quasiment doublé pour s'établir à 17,6 dollars. La hausse a été particulièrement marquée dans certains pays d'Afrique, selon la BM. Au Mozambique, le prix du maïs a flambé de 113% entre juin et juillet dernier, tandis que le sorgho – parfois utilisé comme céréale alternative au maïs – a vu son coût bondir de 220% au Soudan du Sud et de 180% au Soudan. «L'Afrique et le Moyen-Orient sont particulièrement vulnérables», estime le président de la Banque mondiale. Il faut dire que l'avenir n'est guère à l'optimisme : les prix devraient rester «élevés et volatils» sur le long terme en raison notamment des «incertitudes croissantes» sur la production agricole, indique l'institution. Début août dernier, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait établi le même diagnostic, affirmant que la situation pourrait «se détériorer très rapidement». Si tout le monde s'accorde sur les causes de la flambée, les réponses politiques à la crise font en revanche débat. Volatilité des prix D'après l'ONG Oxfam, ces données «devraient réveiller les gouvernements et leur faire prendre conscience qu'une action sur la volatilité des prix des produits alimentaires est requise d'urgence». «Mais l'on ne sait pas vraiment s'ils écoutent», a indiqué dans un communiqué Colin Roche, le porte-parole de l'ONG. La Banque mondiale se dit «prête» à augmenter son programme d'aide à l'agriculture auquel elle a prévu de consacrer jusqu'à présent plus de 9 milliards de dollars en 2012. Mardi dernier, le G20, moins alarmiste, avait estimé que la situation actuelle sur les marchés agricoles était «préoccupante», mais qu' «aucune menace» ne pesait sur la sécurité alimentaire mondiale. Les vingt principaux pays industrialisés et émergents avaient alors décidé d'attendre les prochaines prévisions agricoles aux Etats-Unis, qui doivent être publiées le 12 septembre, avant de décider de prendre d'éventuelles mesures. «Cette attitude attentiste est inacceptable», a dénoncé Oxfam. Ces pays «doivent agir maintenant, avant que l'évolution des prix ne soit totalement hors de contrôle et ne pousse davantage de gens à la famine», a exigé l'ONG. En 2007-2008, la hausse des prix des produits alimentaires était à l'origine des émeutes de la faim dans plusieurs pays d'Afrique.