Après vingt ans passés au gouvernement, Boubekeur Benbouzid, l'homme que l'on qualifiait de l'«inamovible» ministre de l'Education nationale a fini par quitter l'Exécutif. Le chef de l'Etat a opté, cette fois-ci, pour son limogeage en raison de la vive contestation élevée par de différentes parties, notamment les élèves et leurs parents. Il est reproché au doyen des ministres sa mauvaise gestion de certains chantiers et ses démarches hasardeuses. La réforme du système éducatif, un chantier du siècle, tant chère à Benbouzid, a été appliquée de façon anarchique et a subi, au fil des années, plusieurs modifications la vidant ainsi de sa substance. Cette refonte du système éducatif algérien a été mal appréciée et mal accueillie par les familles algériennes qui n'arrivaient pas à suivre la cadence des changements survenus chaque année. Symbolisant l'échec du système éducatif dans son ensemble, Benbouzid, mal conseillé, s'en est toujours défendu en évoquant la complexité de son secteur. Un secteur sensible, névralgique, et difficile à gérer. C'est à son époque que l'on a décrété l'école algérienne comme étant une école «sinistrée». A cette accusation, Benbouzid réplique : «J'étais mal compris.» Les syndicats de l'éducation, qui ont occupé, ces dernières années, la rue, plus que les bancs des établissements afin de manifester leur droit, n'ont pas été durs avec le désormais ex-ministre Benbouzid. Leur appréciation par rapport à son départ reste mitigée. Ils avouent à demi-mot ne pas avoir de problème avec les individus, mais le problème, selon eux, réside dans le système. Hier, tous les syndicats ont été conviés à la cérémonie de passation de consignes entre le nouveau ministre Abdellatif Baba Ahmed et l'ex-ministre Boubekeur Benbouzid. Le changement pour les syndicats était prévisible, mais il ne l'était pas, du moins, en ce moment, c'est-à-dire à la veille d'une rentrée scolaire. «Nous attendions ce changement depuis longtemps. Notre combat n'est pas lié au changement des individus, quel que soit l'homme qui sera à la tête du département, l'essentiel est de savoir s'il a la capacité de prendre en charge les problèmes restés sans solution», note Meziane Meriane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Pour M. Meriane, Bouteflika a opéré un changement dans la continuité et regrette que le nouveau ministre ne soit pas un «vieux routier». «Un ministre de l'Education doit avoir de l'expérience, il doit faire ses preuves. Apparemment, ce n'est pas le cas pour Baba Ahmed qui était enseignant et par la suite recteur de l'université de Blida», explique ce syndicaliste. Une lourde tâche attend le nouveau ministre. Comment compte-t-il satisfaire les doléances des familles algériennes qui se plaignent de la surcharge des programmes, de la lourdeur des cartables et d'un enseignement de moindre qualité ? Quelle sera sa feuille de route, notamment par rapport au chantier de la réforme ? Ce sont tant de problèmes auxquels fera face Baba Ahmed.