La fondation Yasser Arafat a estimé hier qu'il n'y avait «pas besoin de nouvelle preuve de l'empoisonnement» du dirigeant historique palestinien, critiquant implicitement les démarches de sa veuve via la justice française pour exhumer ses restes. «Depuis sa création, cette Fondation s'en est tenue au fait que Yasser Arafat est décédé de mort non naturelle après avoir été tué par un poison non identifié à l'époque. Elle ne voit pas le besoin de nouvelle preuve», souligne le communiqué de la Fondation présidée par le neveu de Yasser Arafat, Nasser Al Qidwa. Nasser Al Qidwa, important dirigeant palestinien, a récemment accusé Israël d'avoir empoisonné Yasser Arafat au polonium, une substance radioactive hautement toxique, exigeant que «les responsables de cet assassinat soient jugés». La veuve du chef palestinien, Souha Arafat, qui vit en exil, a saisi récemment de son côté la justice française pour enquêter sur la thèse d'un possible empoisonnement. Des magistrats français ont entrepris «les démarches nécessaires» pour se rendre à Ramallah (Cisjordanie), où Yasser Arafat est inhumé, afin que «des experts de la police scientifique française» puissent «très prochainement» réaliser des prélèvements sur sa dépouille, selon Mme Arafat. En attendant ce déplacement, dont la date demeure inconnue, Souha Arafat a appelé la Ligue arabe et l'Autorité palestinienne à suspendre leurs «initiatives» relatives au décès de son mari, afin de faciliter le travail des enquêteurs français. L'objectif est que ce déplacement, dont les conditions précises restent à déterminer, puisse avoir lieu avant Noël, selon une source proche du dossier. La direction palestinienne réclame une commission d'enquête internationale sur le modèle de celle formée après l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri, en 2005. De leur côté, les ministres arabes des Affaires étrangères ont appelé mercredi l'ONU à ouvrir une enquête sur les circonstances de la mort de Yasser Arafat. La thèse d'un empoisonnement du dirigeant palestinien, dont la mort le 11 novembre 2004 à l'hôpital militaire français de Percy n'a jamais été élucidée, a retrouvé du crédit après la diffusion en juillet d'un documentaire d'Al Jazeera. Cette chaîne satellitaire qatarie a fait analyser des échantillons biologiques prélevés sur les effets personnels de Arafat par un laboratoire spécialisé de Lausanne (Suisse), qui y a découvert «une quantité anormale de polonium». Le polonium est une substance radioactive hautement toxique, qui a servi à l'empoisonnement en 2006 à Londres d'Alexandre Litvinenko, un ex-espion russe devenu opposant au président Vladimir Poutine.