L'Institut national des statistiques et des études économiques (Insee) vient de publier un rapport alarmant sur les conditions sociales et socioprofessionnelles des Français. Il estime que le nombre de pauvres en France a atteint 8,6 millions de personnes en 2010, soit environ un plus d'un demi-million de personnes par rapport à 2009 (0,6% en plus). Paris. De notre correspondant L'enquête de l'Insee révèle que les 500 000 personnes, qui ont basculé dans la pauvreté, sont, pour la majorité, des jeunes de moins de 18 ans. Pour les auteurs du rapport, ceci s'explique par la non-reconduction, en 2010, par Nicolas Sarkozy, des mesures en faveur des familles modestes prises en réaction à la crise qui a frappé la France en 2009, telles que la revalorisation des allocations familiales. Après les jeunes, viennent les retraités, qui ont vu leur retraite stagner depuis des années puis les personnes inactives. La crise qui frappe douloureusement l'Europe, dont la France depuis 2008, la fin des plans de relance économique, la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation du taux de chômage sont les principales raisons qui ont conduit à l'appauvrissement d'une nouvelle frange de la population française. Par ailleurs, dans un pays épris d'égalité et de justice, les indicateurs d'inégalités ont, eux aussi, augmenté. Ainsi, le rapport entre la masse des niveaux de vie entre les plus riches et les plus pauvres s'est creusé. Autrement dit, en France, les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Et l'ascenseur social est toujours en panne. Des travailleurs pauvres Les différences salariales entre les Français ont également accentué le degré de pauvreté. Si certaines entreprises ont tenu à maintenir les salaires de leurs employés hauts (c'est le cas de la finance et des banques), les autres entreprises n'ont, en revanche, pas pu accorder des augmentations conséquentes à leurs salariés. Pire que cela, certaines, notamment les PME se sont vu obligées parfois de revoir à la baisse les salaires de leurs employés dans le but d'éviter la fermeture de l'entreprise ou de licencier ceux qui y travaillent. L'autre phénomène qui frappe les Français, c'est la pauvreté, qui touche même ceux qui ont un travail. De nombreuses personnes, bien qu'elles soient salariées, n'arrivent pas à subvenir aux besoins de leur famille. Elles se voient contraintes de demander de l'aide ou d'occuper un second travail. Ainsi, le nombre de travailleurs pauvres a atteint 1,9 million en 2007, soit 6,7 % du nombre des salariés. Il était de 1,7 million en 2005, soit 7% du nombre des salariés. Cependant, les plans sociaux (Air France, SNCF, Total) et les fermetures d'entreprises (PSA, Sea-France), ne feront qu'augmenter le nombre de pauvres dans les mois à venir. Pour mettre fin à cette spirale infernale, le gouvernement de Jean Marc Ayrault a pris ses dispositions. Il a décidé de recruter plusieurs milliers de fonctionnaires dans l'éducation, la justice et les services de sécurité (soit 60 000 fonctionnaires d'ici 2017) et rehausser de 25% le montant des allocations sociales, notamment au profit des familles pauvres et nombreuses. Mais est-ce suffisant ? Malgré les efforts du président, François Hollande, et de son gouvernement, il devient, de plus en plus dur de redonner espoir aux Français, alors que la croissance économique demeure négative et que le nombre de chômeurs a atteint la barre psychologique des 3 millions.