C'est avec tambours et trompettes que s'est ouvert, jeudi à Paris, le Salon du livre et de la francophonie. Prévu jusqu'à mercredi prochain, cet événement culturel drainera, selon les organisateurs, près de 160 000 visiteurs et 1200 éditeurs venus de tous les horizons. Ainsi, après l'hommage rendu à la Russie en 2005, c'est au tour de la francophonie d'être honorée par plus de soixante pays, qui, bien que différents les uns des autres, ont tous comme héritage commun la langue française. Le Salon du livre ne manquera pas aussi de célébrer le centième anniversaire de la naissance de Léopold Sédar Senghor, écrivain sénégalais de renom et fervent défenseur de la langue française. Il est sans doute le premier écrivain africain d'expression française à avoir donné à la négritude ses lettres de noblesse. Les éditions Biotop ont édité un minilivre qu'elles ont distribué à tous les invités du salon, comportant une biographie et un hommage à Senghor, prononcé par l'ancien président sénégalais Abdou Diouf, le 9 octobre 2004 à Rouen, à l'occasion de son admission à l'Académie des Sciences Belles- Lettres et Arts. Le programme du salon est aussi riche que varié. En plus des dédicaces prévues pratiquement dans tous les stands, quarante écrivains francophones, venus de Grèce, de Haïti, du Vietnam ou d'Afrique vont parler du partage, de la vie et de la survie de la langue française sous « l'arbre à palabre » planté dans le pavillon d'honneur de la « Francoffonie ». Des débats avec des écrivains sont aussi prévus tout au long du salon. Plusieurs sont retransmis en direct sur des chaînes de radio et de télévision internationales. Des cycles de conférences tournant autour de la littérature en général, mais aussi des questions liées à la francophonie sont également programmés. Bien qu'elle soit le moteur de cet espace, la France est accusée de ne pas se battre assez pour sa langue et de regarder avec dédain et mépris les pays qui forment le cercle francophone. Pourtant, l'actuel secrétaire général de l'organisation, Abdou Diouf, croit en la modernité de l'idée. Il a estimé vendredi sur les ondes de RFI que « dans un contexte marqué par la mondialisation et le libre-échange, la francophonie reste un élément de lumière et de solidarité au service des peuples et non des entreprises ». Côté algérien, ce sont les éditions de La Casbah qui ont agréablement occupé le flanc. Malgré la modestie de leur stand, le nombre d'invités était à la hauteur des espérances de cette maison d'édition privée. Ecrivains de renom, journalistes, intellectuels, visiteurs anonymes, tout ce beau monde est venu partager le verre de l'amitié et constater l'état de délabrement généralisé de notre culture et le rôle quasi marginal que joue le ministère de la Culture dans le cadre de la promotion de la culture et de la littérature algériennes.