La sixième édition de la Fête de la figue du village de Lemsella, dans la commune d'Illoula Oumalou, à une cinquantaine de km au sud-est de Tizi-Ouzou, a pris fin ce samedi. La fête a tenu ses promesses, en dépit des innombrables difficultés qui caractérisent l'organisation d'un événement aussi important. Entamé jeudi dernier par un immense rassemblement organisé devant l'entrée du village Lemsella où est installée une immense arche en bois symbolisant le début du festival et à travers laquelle tout le monde devrait passer, ce grand rassemblement s'est ensuite ébranlé vers la grande place du village, en face de la fontaine «Tala Tmazirt», sous les airs d'une fanfare, constituée d'instrumentistes en grande majorité féminines qui animaient un spectacle de rue en produisant un mélange de morceaux musicaux anglo-saxons et kabyles, et cela dans une ambiance populaire multicolore. La cérémonie d'ouverture est donnée par le président de l'association Tighilt Lemsella qui, après avoir souhaité la bienvenue à tous les invités, n'a pas manqué de signaler les nombreuses difficultés qui empêchent la bonne organisation : «Nous avons rencontré de nombreux problèmes pour l'acquisition du matériel en raison de l'éloignement du village du chef-lieu de wilaya. A minuit, nous étions à Tizi Ouzou pour récupérer le matériel et être prêts pour ce matin. Le chapiteau qui nous a été promis nous a été retiré à la dernière minute. La subvention de 50 millions de centimes octroyée depuis quelques années par la wilaya et qui n'a pas évolué, alors que tous les prix des produits ont augmenté, ne suffit plus. Il a même attiré l'attention du P/APW par une boutade qui a provoqué le rire des responsables et de l'assistance. Nous remercions tous les sponsors qui nous ont aidés et je souhaite la bienvenue à tout le monde». Le président de l'APC s'est, lui, félicité du bon accueil et de la bonne organisation. «Nous ne comptons pas rester dans ce contexte de fête locale. Nous ferons tout notre possible pour inscrire cette fête dans le registre des fêtes nationales et pourquoi pas internationales. L'association a acquis de l'expérience dans ce festival qui est largement médiatisé.» Le président de l'APW, lui, s'est longuement attardé sur les difficultés que rencontre la région, en l'absence d'un véritable plan Marshall pour sortir la région de son isolement et du manque de regard de la part des hautes autorités de l'Etat. «Après les chutes de neige de l'hiver dernier qui ont mis la région en difficulté avec l'absence totale de l'Etat, revoilà les incendies qui achèvent la mission avec la destruction de tout le patrimoine arboricole, essentiel à la survie des ménages de la région. Il faut que l'Etat vienne en aide aux agriculteurs des zones montagneuses par l'octroi, gratuitement, d'un demi million de plants de figuiers et d'oliviers pour compenser la destruction de milliers d'arbres écrasés par la neige ou brûlés par le feu.» Outre l'association Tighilt, le comité de village, les premiers responsables locaux et de wilaya, divers acteurs de la société civile ont pris part à ces festivités, entre autres la direction de la culture, des artisans, de la chambre de l'artisanat et des métiers, du réseau des associations d'Illoula Oumalou. Les visiteurs, appelés à visiter toutes les expositions, ont entamé leur circuit par la visite du marché où tout le monde s'est adonné à la dégustation des figues fraîches et sèches offertes au public. Une véritable boulimie s'est emparée des visiteurs qui avaient devant eux une variété de figues de différents calibres et de différentes couleurs comme «Thaamriwt», «El Melwi», «Ajanjar», «Thaghanimt»…présentées sur les étals. D'autres produits du terroir étaient présents sur les étals comme le miel, l'huile d'olive et le fromage, produit localement. Parallèlement, diverses expositions sont au menu comme la poterie, la couture, la broderie, les robes, les bijoux et les objets d'art, les plantes médicinales et de livres. La figue de Lemsella, culture historique et emblématique du terroir des Illoulen, est aujourd'hui en plein essor. Une filière agricole et économique se développe et s'organise autour de ce produit aux saveurs subtiles et généreuses. Pour les organisateurs, cette opportunité devra faciliter la notoriété du produit, sa reconnaissance dans les circuits de distribution et donc sa commercialisation. La Kabylie, prospère des fruits du terroir, est capable d'amorcer un réel décollage des activités économiques. Mais, il faut mettre suffisamment de moyens, comme l'a souhaité le président de l'association.