Les contraintes socioéconomiques imposées par les mutations multiformes que traverse le pays ces dernières années incitent de plus en plus les villages de Kabylie à la mise en valeur des richesses locales. Après Maâtkas, Ath Hichem, Ath Yenni et Larbaâ Nath Irathen qui sont baptisés respectivement capitales de la poterie, du tapis, du bijou et de la cerise, c'est au tour du village Lemsella, dans la commune d'Illoula Oumalou, de s'ériger en « Mecque » de la figue. La semaine dernière, ce village perché à plus de 1000 m d'altitude dans les tréfonds du Djurdjura, à plus de 70 km à l'est de la wilaya de Tizi Ouzou, a abrité la troisième édition de la fête de la figue qui a été une occasion pour faire sortir la région de son isolement mais aussi pour sensibiliser les populations locales à renouer avec la culture ancestrale de ce produit du terroir par excellence. Pendant quatre jours, du dimanche à mercredi, plusieurs activités ont eu lieu à Lemssela à l'occasion de cette manifestation organisée par l'association Tighilt et le comité du village avec le concours des autorités locales. Plusieurs opérateurs économiques travaillant dans le circuit de l'artisanat et des produits du terroir ont été ainsi au rendez-vous à travers l'exposition de leurs produits, à l'instar de la Maison Kemiche de Béjaïa, connue pour être la première entreprise locale à enclencher le processus d'industrialisation de l'huile d'olive en Algérie via sa marque Ifri Olive. Il y a eu aussi l'huilerie industrielle Ouiza d'Ifigha qui excelle également dans la modernisation de la production de l'huile d'olive et l'huilerie traditionnelle Bouatba de Souamaa réputée pour son attachement aux procédés anciens de la production de l'huile d'olive. Un exploitant apicole, en l'occurrence M. Guechida Hacene, ingénieur agronome de Larbaâ Nath Irathen, a saisi cet événement pour faire une démonstration des vertus du miel de transhumance dont il a fait son créneau et plusieurs autres stands ont été réservés aux artisans de la région. Des conférenciers comme l'anthropologue Yacine Si Ahmed ou Ali Sayad, dans leurs interventions ont évoqué la nécessité d'aller vers la promotion des patrimoines matériels et immatériels locaux afin d'aller vers le tourisme de montagne. « Il ne faut pas focaliser sur le littoral uniquement dès qu'il s'agit du tourisme. Il y a aussi le tourisme rural dont la région renferme un énorme potentiel mais son développement passe par la promotion des produits du terroir et du patrimoine », dira Yacine Si Ahmed. Pour l'association Tighilt, selon son président, M. Kamel Meziache, en instaurant cette manifestation, Lemsella escompte réhabiliter la culture de la figue qui fit jadis la réputation de la région. Pour enclencher un véritable processus de développement de ce produit, l'association Tighilt a formulé d'importantes propositions dans le cadre des PPDRI, dont la plantation de 3000 figuiers et la création d'une unité de séchage et de conservation de figues sèches. Alors que le P/APW et le directeur de la conservation des forêts de Tizi Ouzou, le chef de daïra de Bouzguène et le P/APC d'Illoula ont été présents au rendez-vous, la direction et la subdivision des services agricoles ont brillé par leur absence à cette manifestation selon les organisateurs. Chose qui n'est pas passée inaperçue au moment où le ministère de l'agriculture ne cesse pas de prêcher une nouvelle politique qui prône la promotion des produits du terroir.