Gouvernement partisan ? Technocrate ? Exécutif hybride jouant allégrement sur ces deux registres pour éviter d'être l'otage des formations politiques ? C'est cette dernière configuration qui a été choisie par les concepteurs de la nouvelle architecture gouvernementale. En recrutant les ministres à la fois du gisement des cadres nationaux et des partis qui ont accepté d'entrer au gouvernement sur des bases qui ne sont pas toujours le fruit des résultats électoraux acquis lors des dernières élections législatives, M. Sellal a tenu à prendre son bâton de commandement par le milieu. L'objectif étant de donner à l'Exécutif les contours apparents d'un gouvernement d'union nationale. Mais celui-ci en est-il vraiment un ? Pas si sûr ! Des formations politiques qui ont un certain ancrage populaire et qui l'ont prouvé lors des différentes consultations électorales ne sont pas représentées au gouvernement. Au-delà de la personnalité de M. Sellal, qui semble bénéficier de préjugés plutôt favorables auprès de l'opinion et d'une partie de la classe politique, qu'est-ce qui a changé aujourd'hui dans la nature et le fonctionnement du système politique algérien pour que le nouveau Premier ministre puisse réellement gouverner, décliner son propre programme d'action et assumer la responsabilité de sa mise en œuvre devant le Parlement ? Rien. Les réformes politiques promises sont renvoyées aux calendes grecques. Changer de gouvernement sans ouvrir un débat de fond sur la révision constitutionnelle, sur la nature du régime et la question nodale de l'articulation entre les différents pouvoirs pour permettre à l'Exécutif de gouverner réellement ne peut conduire qu'à l'inertie. Créée pour soutenir le programme de Bouteflika, l'Alliance présidentielle a perdu, avec les résultats des dernières élections législatives et les crises internes secouant ses formations, toute sa force en tant que majorité politique. Dès lors il apparaît clairement que l'Alliance présidentielle, dans sa composante et ses objectifs d'avant les législatives du 10 mai 2012, fait partie du passé. Tout laisse croire que cette coalition est arrivée aujourd'hui au terme de sa mission politique à l'approche de la fin du mandat de Bouteflika. La manière dont cette équation sera résolue dans les prochains jours nous renseignera sur les intentions politiques du président de la République après avril 2014. Si cette coalition disparaît des radars, le chef de l'Etat aura alors besoin d'une autre monture et d'une armature adaptée à la nouvelle étape de son mandat finissant. D'une coalition gouvernementale composée des formations politiques siégeant au sein de l'Exécutif et confortée par une majorité parlementaire. Sa mission étant de poursuivre et de soutenir la mise en œuvre de son programme d'action endossé par l'Exécutif sous Ahmed Ouyahia et validé par Abdelmalek Sellal. Le concept d'alliance présidentielle étant une autre spécificité bien algérienne, ce scénario permettra à l'Algérie de revenir à des usages politiques conventionnels. Pour autant, le système n'aura changé ni de nature ni d'hommes, comme on l'a encore vérifié avec la composante du nouvel Exécutif. Quelle que soit la compétence du Premier ministre, le gouvernement ne pourra pas être autre chose qu'un gouvernail. Un dirigeable.