Le mystère plane toujours sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale. Est-ce là un signe qu'un radical changement est à prévoir ? Il est permis de croire que oui. Les scores moyens réalisés par l'Alliance présidentielle aux dernières législatives et le fort taux d'abstention ont, semble-t-il, constitué le point de non retour qui marque la fin d'une période. L'explication par Nouredine Yazid Zerhouni du fort taux d'abstention par l'échec des partis politiques qui sont en déphasage avec l'évolution de la société renseigne déjà sur la volonté de passer à une nouvelle étape, celle où le rôle des partis sera minime, et pourquoi pas opter pour un gouvernement de technocrates sans couleur politique ? Il est difficile aujourd'hui de bénir un autre gouvernement constitué des partis de l'Alliance présidentielle qui n'a réussi à obtenir la confiance que de 37,74% des voix des électeurs, et seulement 13,78% des inscrits sur les listes électorales. Bouteflika qui, à maintes reprises, a reproché à l'ancienne équipe gouvernementale son maigre rendement, n'hésitera sans nul doute pas à donner sa caution à une équipe qui fasse preuve d'efficacité et de célérité dans l'exécution du grand chantier de la croissance qu'il a promis de réaliser avant la fin de son mandat. La récente confession du président de la République faite à Jean Daniel résume cette volonté de reconfigurer, voire complètement changer l'équipe de l'Exécutif, qui sera tenue par une obligation de résultat. Reste à savoir quelle sera l'option la meilleure devant aller en droite ligne dans cette perspective. Un gouvernement technocrate, un gouvernement d'union nationale, ou une mixture des deux ? Le choix est à faire entre ces trois pistes qui tranchent avec l'ancienne composition gouvernementale. La première piste du gouvernement technocrate pourrait constituer une locomotive sûre pour faire aboutir le train des réformes, à condition d'être dirigée par un chef qui fasse le consensus au sein du pouvoir de décision, et qui soit connu pour avoir prouvé sa parfaite maîtrise des dossiers importants. Si le choix se porte sur ce gouvernement, le temps écoulé depuis la proclamation des résultats des législatives peut être expliqué par la recherche parmi l'élite algérienne de noms qui, sans appartenir à des formations politiques, affichent leur aptitude à se mettre sous le couvre-chef du Pouvoir. Autre piste, celle consistant à présenter une sorte de gouvernement d'« union nationale », où les partis de l'Alliance présidentielle ne seront plus seuls à siéger au Palais du gouvernement. Des formations politiques ont d'ailleurs à peine voilé leur vœu de faire partie de la coalition ministérielle, à l'image du Parti des travailleurs ou encore de celui du Rassemblement pour la culture et la démocratie. Les tractations pourraient aller bon train pour le partage des postes entre les différents postulants qui aspirent à avoir des ministères à la mesure des degrés d'allégeance. Autre option encore, celle de la grande mixture. L'objectif étant, dans cette voie, de donner les ministères chargés de booster l'activité économique à des technocrates sans appartenance politique, et laisser les autres départements ministériels aux formations de l'Alliance présidentielle. Trois options, trois scénarios, Bouteflika dont le deuxième mandat est entamé depuis déjà trois ans, est tenu de faire un choix qui soit à même de convenir à son ambition de laisser des traces de son passage à la tête de l'Etat.