L'affiche de la cinquième édition du Festival international de la bande dessinée d'Alger (FIBDA), qui aura lieu du 5 au 13 octobre 2012, à l'esplanade Riadh El Feth, a été dévoilée, mardi après-midi, au siège de la librairie Point-Virgule à Chéraga, par Dalila Nadjem, commissaire du festival. L'affiche est l'œuvre de Racim Bey Benyahia de Constantine, 25 ans, lequel a décroché le premier prix du concours. Le deuxième prix est revenu à Salim Makhlouf, de M'sila, 28 ans, le troisième à Mériem Touimer d'Alger, 23 ans. Les affiches des autres concurrents non primés seront exposées. Il s'agit notamment de Nasreddine Ghezeil de Médéa, Wahid Belgacem d'Alger et Amel Handala d'Alger. Dalila Nadjem a évoqué la formation de jeunes bédéistes entamée en janvier en 2012 avec un rythme d'une semaine par mois. Une formation assurée par l'auteur de BD belge, Etienne Schreder. «Etienne était venu avec une fausse idée sur notre jeunesse. Il a ramené un programme de formation sur les rudiments de la BD. Il s'est retrouvé avec des jeunes avec un niveau supérieur. Il a été obligé de refaire son programme. En 2011, nous avons organisé une formation de quatre semaines à l'Ecole des beaux-arts d'Alger. Nous avons senti le besoin de continuer le cycle de formation», a expliqué Dalila Nadjem. Une vingtaine de jeunes, entre 17 et 30 ans, ont assisté à ce programme de formation. «Notre objectif était de réaliser un album collectif ou individuel», a-t-elle ajouté. «La formation était directement destinée à la production de la BD. Certains jeunes ont découvert qu'ils étaient capables de dessiner. Nous voulions montrer aux élèves la manière de raconter une histoire avec des images, en BD. Cela implique une foule de choses, comme l'écriture du dialogue, le découpage et la dynamique de l'histoire. Il fallait que les idées viennent d'eux…», a souligné Etienne Schreder. Deux albums petit format, Waratha I et Waratha II, ont été produits et seront disponibles lors du Fibda. Ces deux albums sont le fruit de cette formation (waratha signifie héritiers en arabe). «Certains jeunes publient pour la première fois une BD. Ce n'est pas un trait uniformisé. Mon travail n'était pas de leur apprendre à dessiner, mais de leur donner des conseils professionnels pour pouvoir le faire. Ce qu'ils ont fait n'est pas un travail d'historien», a relevé l'auteur de La couronne en papier doré. «Chacun avec son histoire personnelle, vécue en famille ou pas, raconte également celle de l'Algérie. Il y a de beaux témoignages», a appuyé Dalila Nadjem. Etudiante d'anglais à l'université de Bouzaréah, à Alger, Safia Ouarezki, qui a travaillé avec sa jumelle Soumeya sur la BD, a écrit l'histoire et le dialogue. Une première expérience ! «Ma sœur, étudiante à l'Ecole de beaux-arts, a fait les dessins. Nous voulions faire le parallèle dans la BD entre une bataille d'un groupe contre une forme de répression et la bataille que nous menons tous les jours contre nous-mêmes. Vous trouvez par exemple un personnage face à une ombre…», a-t-elle raconté. Myriam Zaggat, elle, a été inspirée par le roman à succès de l'écrivain allemand Gunter Grass, Le tambour. «C'est le récit d'un enfant qui méprise les adultes pendant la guerre. Ali a remplacé Oscar. Ali est pris entre deux feux, ses parents et les amis français et juifs de ses parents. Il y a ce refus de grandir après avoir vu tout ce qui se passe dans le monde des adultes», a-t-elle précisé. «C'est une métaphore de l'Algérie à l'indépendance. Les Algériens grandissent par eux-mêmes. On peut raconter l'histoire comme on veut», a soutenu Etienne Schreder. «Cette année, nous avons un bon cru de jeunes bédéistes. Au bout de la cinquième édition du festival, nous allons vers le professionnalisme et la reconnaissance de la BD. Cela peut aider à développer l'industrie de la BD», a estimé Dalila Nadjem. Le cinquième Fibda sera marqué par l'organisation d'un cycle «BD miroir de l'histoire», avec la participation, notamment de Jacques Fernandez, Samia Messaoudi, Pascal Gérot, Zoubeida Mammeria et Azouz Begag. Plusieurs thèmes seront abordés dans les conférences : «Les dispositifs d'aide à l'édition», «Révolutions arabes, sujet périmé ?», «Décoloniser la BD en Afrique», «La BD se mêle du cinéma»… Le slogan du 5 e Fibda sera «Alger, 50 bulles», un clin d'œil pour les 50 ans d'indépendance de l'Algérie.