Des partis politiques avaient dénoncé une augmentation injustifiée de la taille du fichier électoral (plus de 4 millions en 3 ans), tiendra-t-on compte de leurs remarques ? L'opération de révision des listes électorales, en prévision des élections locales du 29 novembre, est ouverte depuis hier au niveau de toutes les APC du pays. Elle durera jusqu'au 31 octobre. «Les citoyennes et citoyens non inscrits sur les listes électorales, âgés de 18 ans révolus le jour du scrutin, sont invités à s'inscrire sur la liste électorale de leur commune de résidence», précise le ministre de l'Intérieur dans un communiqué rendu public hier. La même source invite également les électeurs ayant changé d'adresse à demander leur radiation de la liste électorale de leur ancienne commune pour leur inscription sur la liste électorale de leur nouvelle commune de résidence. Le ministère de l'Intérieur fixe également les conditions d'inscription sur les listes électorales. Ainsi, dans le but d'éviter la double inscription, il est demandé aux personnes ayant changé de résidence de présenter, outre leurs pièces d'identité, l'attestation de radiation de la liste électorale de l'ancienne commune. Ce genre d'opération, obligatoire à chaque rendez-vous électoral, devrait permettre l'assainissement du fichier électoral. C'est l'objectif annoncé par les autorités. Mais dans la pratique, la révision exceptionnelle des listes électorales consiste seulement à inscrire de nouveaux électeurs. Les personnes décédées et celles ayant changé de résidence ne sont souvent pas radiées du fichier, qui compte aujourd'hui plus de 21 millions d'électeurs. Un chiffre qui a suscité une polémique lorsqu'il a été annoncé, au printemps dernier. Des partis politiques avaient dénoncé, à l'époque, une augmentation injustifiée de la taille du corps électoral (plus de 4 millions en 3 ans). Cette polémique a été amplifiée par l'inscription, en bloc, de milliers de militaires sur le fichier électoral après expiration du délai légal. La boîte de Pandore L'affaire était citée par de nombreux partis comme une preuve de fraude. Et ils ont renouvelé, par la même occasion, leur demande d'accéder à ce ficher gardé secret par les responsables du pouvoir. La classe politique soupçonne, en effet, le gouvernement de «triturer ce fichier» afin de fabriquer les scores électoraux qui lui conviennent. La même polémique avait été engagée par les responsables de la mission d'observation de l'Union européenne (UE). Le chef de cette délégation, Ignacio Sanchez Salafranca, avait demandé d'accéder à ce fichier. Mais sa requête avait été rejetée par le ministère de l'Intérieur qui n'a accepté d'ouvrir que le fichier communal. Ce refus a encore accentué le doute sur la transparence des élections en Algérie. Il a été d'ailleurs signalé par les observateurs étrangers qui ont rappelé, dans leurs rapports finaux, la nécessité d'ouvrir le fichier aux partis politiques. C'est le cas de l'ONG NDI qui avait recommandé, dans son rapport sur les dernières élections législatives, de «remettre des copies du fichier électoral aux partis politiques». Mais à moins de trois mois des élections locales, les autorités ne semblent pas vouloir prendre en considération les remarques faites lors des précédentes élections. Vont-elles commencer par l'assainissement du fichier électoral ?