Le ministère de l'Intérieur justifie ce refus par les dispositions de la loi électorale et le caractère de «confidentialité». L'augmentation de la taille du fichier électoral, qui est passé en moins de trois ans de 18 à 21 millions d'électeurs, nourritla suspicion. Les observateurs de l'Union européenne (UE) présents en Algérie pour suivre les élections législatives de jeudi prochain n'auront pas accès au fichier électoral national. Le ministère de l'Intérieur les autorise à consulter les listes uniquement au niveau des différentes wilayas. La réponse du département de Daho Ould Kablia a été donnée, hier, aux responsables de la mission électorale de l'UE. Elle a été également rendue publique à travers un communiqué diffusé par l'APS. Pour les besoins de la mission d'observation, que nous souhaitons la plus large possible, les observateurs présents dans les wilayas ont été autorisés à consulter sur place, s'ils le souhaitent, le fichier électoral au niveau de wilaya», précise le ministère de l'Intérieur dans son communiqué, qui justifie ce refus par les dispositions de la loi électorale et «des raisons de confidentialité». «La question de la remise de la copie intégrale du fichier électoral national ayant été posée par le chef des observateurs de l'Union européenne (UE), il nous est apparu nécessaire de lui rappeler que la loi organique relative au régime électoral (article 18) n'impose la remise d'une copie de la liste électorale communale qu'aux seuls partis politiques et candidats indépendants participant aux élections», indique le ministre. Selon la même source, «le fichier électoral national comprenant les données de base d'identification, de localisation et professionnelles de l'ensemble des électeurs (plus de 21 millions de personnes) ne peut faire l'objet de communication, compte tenu du caractère de réserve et de confidentialité universellement admis». Le chef de la mission de l'UE, José Ignacio Salafranca, confirme avoir reçu la réponse du ministère de l'Intérieur. Intervenant lors d'un point de presse animé hier à Alger, le chef de la mission de l'UE affirme que sa délégation souhaite toujours accéder au fichier électoral national. «Nous aurions aimé consulter le fichier national pour avoir un aperçu global. Je vais m'adresser au ministère de l'Intérieur pour voir si c'est encore possible», déclare-t-il. Contacté, l'attachée de presse de la mission, Sylvia de Felix, précise également que «les observateurs de l'UE souhaiteraient avoir un accès au fichier national». «Nous voulions avoir un aperçu global» La même demande émane également des partis politiques qui le considèrent comme une des sources de la fraude électorale qui a caractérisé les différentes joutes organisées en Algérie. L'augmentation de la taille du corps électoral, qui est passée en moins de trois ans de 18 à 21 millions d'électeurs, continue de susciter des réserves de la part de la classe politique. Celle-ci s'interroge sur la fiabilité du chiffre avancé par le ministère de l'Intérieur. D'où sont venus les 4 millions d'électeurs de plus qui viennent gonfler le fichier électoral ? La réponse du ministre de l'Intérieur à cette question n'arrive pas à convaincre les observateurs de la scène nationale. De plus, les partis et les candidats n'obtiennent des copies des listes communales qu'à la dernière minute. De ce fait, il leur est difficile, voire impossible, de vérifier si le fichier a été véritablement assaini, car la révision des listes électorales en Algérie ne se fait que pour inscrire de nouveaux électeurs. Par ailleurs, et malgré ce refus, José Ignacio Salafranca estime que la mission électorale européenne posséde «une grande expérience» en la matière et qu'elle pourra ainsi évaluer, de manière très précise, le déroulement des élections. «Nous avons une méthodologie (d'observation) très raffinée et nous pouvons savoir d'une manière très précise comment les choses se sont déroulées», dit-il. Le premier responsable de la mission nie également toute prétention de sa mission de s'ingérer dans le déroulement des élections. «Nous sommes des amis de l'Algérie et nous n'avons pas l'intention d'intervenir dans les élections. Nous sommes là pour consolider la cause démocratique en Algérie», précise-t-il.