Des tumeurs grosses comme des balles de ping-pong sur des rats nourris avec un maïs OGM du géant américain Monsanto, obtenues par une étude de chercheurs français relance le débat sur les organismes génétiquement modifiés. «Pour la première fois au monde, un OGM et un pesticide ont été évalués pour leur impact sur la santé plus longuement (deux ans, ndlr) et plus complètement que par les gouvernements et les industriels. Or, les résultats sont alarmants», résume Gilles-Eric Séralini, professeur à l'université de Caen, pilote de l'étude. Une expérimentation menée avec 200 rats répartis en trois grands groupes : le premier nourri avec un maïs OGM NK603 seul, le second avec ce maïs OGM traité au Roundup, herbicide le plus utilisé au monde, et le troisième avec du maïs non OGM traité avec cet herbicide a montré «des mortalités bien plus rapides et plus fortes au cours de la consommation de chacun des deux produits». Les plantes transgéniques sont de plus en plus cultivées dans le monde. 114 millions d'hectares de terres agricoles leur sont déjà dédiés, mais l'opposition qu'elles suscitent reste toujours aussi vive en Europe de l'Ouest. Les travaux scientifiques sur le sujet n'ont apporté jusqu'à cette dernière étude française, que peu de réponses sur les risques sanitaires et surtout environnementaux liés à ces cultures. Le débat est difficile et les positions tranchées. Il y a désormais 23 pays qui cultivent des plantes transgéniques. Les Etats-Unis arrivent en tête des pays producteurs dans le monde avec 57,7 millions d'hectares (50% de la superficie mondiale des cultures OGM). Ils sont suivis par l'Argentine, le Brésil, le Canada, l'Inde et la Chine. En Europe, l'Espagne est le premier pays concerné avec 50 000 hectares d'OGM cultivés. Les agriculteurs qui passent aux cultures OGM le font parce qu'ils pensent y trouver leur intérêt : gagner plus d'argent ou travailler plus facilement. L'un des avantages en faveur des OGM est de favoriser la production agricole mais les résultats sont très différents d'une année sur l'autre, d'une plante sur l'autre, d'un pays à l'autre. L'autre avantage est de réduire la quantité de pesticides ou d'herbicides, et donc d'être meilleur pour l'environnement, se défendent les producteurs. Mais la question fait débat, les gènes bactériens pourraient favoriser l'apparition de résistances parmi les ravageurs ou les mauvaises herbes, ils pourraient perturber certains organismes, comme les abeilles, etc. Pour l'instant il n'y a pas de travaux scientifiques probants allant dans ce sens, du moins pas assez rigoureux. Les chercheurs parlent de blocage de financements et de pressions de la part des producteurs d'OGM.