Si le livre numérique est en pleine expansion au Bresil et en Chine, il a du mal à trouver sa place dans les pays en voie de développement. La thématique de l'émergence du livre numérique dans les pays en voie de développement a été au centre d'une conférence, organisée vendredi après-midi au niveau de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel. Les trois intervenants, originaires d'Argentine, de Tunisie et d'Algérie se sont relayés pour apporter leurs expériences personnelles. La Tunisienne Sana Ghenima, PDG de Sanabil, a axé son intervention sur les «premium content» ou «contenus novateurs» ludo-éducatifs numérique dans le monde arabe. Partant de sa propre expérience, cette ingénieur en génie industriel a créé sa propre entreprise en 2003. Après avoir présenté les contenus ludo-éducatifs qu'elle produit et commercialise en Tunisie, Sana Ghenima a soulevé la problématique de la dépendance technologique des pays en voie de développement vu qu'aucun d'eux n'est producteur de supports (tablettes, liseuses ou téléphones). Selon elle, pour pallier ce manque, les pays en voie en développement peuvent développer l'industrie du contenu numérique. Elle avoue qu'elle arrive à décrocher des marchés vers l'international. Elle a préconisé le respect de l'âme du créateur. «Le ministère de la Culture subventionne le papier et non la création. Le lectorat électronique n'est pas le même. En mode numérique, il y a des millions de visiteurs. Il faut une détermination nationale. Le numérique, c'est le présent et c'est certainement l'avenir.» Cette spécialiste est convaincue que les pays du Maghreb détiennent un grand potentiel du contenu dont le marché peut s'étendre à tous les pays arabes et musulmans grâce à la langue commune : «Il est impératif d'asseoir une industrie, et une culture ne peut être du ressort d'une petite entreprise privée», préconise-t- elle. De son côté, l'éditeur argentin, Octavio Kulesz, a présenté une étude comparative des taux de pénétration du livre numérique dans les zones d'Amérique latine, d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne ainsi que dans d'autres pays, tels que la Russie, l'Inde ou encore la Chine. Selon cette étude, la Chine et le Brésil sont les pays les plus avancés dans l'univers du livre numérique, et ce, grâce à leur bonne connaissance de la technologie et de la production locale de supports. Il est à noter que l'édition numérique a un passé en Amérique latine, puisqu'elle a vu naître ses premières expériences dans les années 1990 avec la naissance de nombreuses bibliothèques numériques. Pour Amar Aribi, président de l'association nationale de l'édition numérique, l'édition électronique en Algérie n'a pas de public. Des moyens adéquats doivent être mis en place afin d'aider le livre électronique, à l'image du livre classique. L'intervenant révèle que le livre électronique n'a pas pu trouver sa place au SILA, puisqu'il a été interdit par les organisateurs. L'intervenant reconnaît, cependant, que depuis deux ans, il y a un retour du public.