Exception faite du Makkam Echahid route de Seraïdi où s'étaient rendues les autorités locales pour le traditionnel dépôt de la gerbe de fleurs, les couleurs nationales n'étaient pas au rendez-vous dans les artères de la ville. L'ambiance maussade de la journée avait été perturbée par les cris de joie, exprimés par les élèves du 1er palier. Ils savouraient déjà les vacances de printemps prévus pour le lendemain. Perturbée également par la colère exprimée par les étudiants affiliés à l'UNEA de l'université Badji Mokhtar. A travers un communiqué, ils réagissaient à l'assassinat d'un des leurs. Il avait été tué quelques jours auparavant d'un coup de couteau par des malfrats qui en voulaient à son portable. Le drame a eu lieu dans une cité à forte concentration de population et à une heure de grande affluence. Ce 19 mars, au moment où les autorités locales déposaient une gerbe de fleur à la mémoire des martyrs de la Révolution, l'organisation locale du patronat exprimait sa colère via M. Ayad un des membres de son bureau de wilaya : « Cela fait 3 mois que nous tentons vainement d'avoir une audience avec le directeur de l'exécutif. S'il n'est pas de sortie, on nous dit qu'il est occupé. Tout est gelé dans notre wilaya. Alors que des projets d'intérêt général sont en souffrance, on nous refuse le droit d'en parler dans un cadre organisé. De par son implication direct dans le développement économique local, le patronat local est en droit d'exiger une meilleure considération des autorités locales. » Colère aussi à Sidi Amar où les élus de cette commune de quelque 80 000 habitants se sont une nouvelle fois distingués. Ils n'ont pas trouvé mieux qu'une grossière plaque métallique fraîchement peinte, pour débaptiser une cité au nom de Mokhtari Abdelmadjid, un chahid. « Je vous donne 15 jours pour changer cette plaque », a ordonné le wali au 1er magistrat de la ville. L'inauguration dans la même cité du nouveau lycée au nom de Souissi Abdelkrim, un autre combattant de la liberté décédé, ne s'est pas faite sans heurts. Les représentants des habitants de la cité des 140 Logements ont saisi cette occasion pour dénoncer, par des propos virulents, l'absence, depuis des mois, de l'alimentation en eau potable et d'électricité. Quelques heures plus tard, à la commune chef-lieu de wilaya et au piémont de l'Edough, des incidents ont éclaté entre des membres d'une association de quartier et des citoyens. Ces derniers avaient profité de la nuit pour organiser une touiza. Elle était destinée à permettre la construction de nouvelles baraques à proximité de plusieurs autres déjà recensées, dont les occupants devaient bénéficier à court terme de logements. Ce 19 mars à Annaba, les responsables locaux ont bricolé comme ils ont pu pour ne pas rater l'événement. C'est ainsi qu'une exposition photo et des conférences-débat sur les événements de Mars 1962 avaient été programmés au moment même où les animateurs et organisateurs étaient quelque part ailleurs. Heureusement que dans cet ensemble d'actions bricolées, il y a eu le sourire de 36 jeunes filles et garçons. Lors d'une cérémonie officielle, il leur a été remis la décision de créer leur microentreprise individuelle sur la base d'une aide financière fournie par l'Agence nationale de gestion de microentreprise (Angem).