La décision a été tranchée par les hauts responsables du pays. Un décret interdisant aux imams et aux enseignants licenciés, en raison de leur implication dans des affaires terroristes, de reprendre leur emploi initial, a été signé par le président de la République. Le décret sera rendu public mercredi prochain. « Le poste d'un enseignant et d'un imam est très sensible. » Un enseignant a pour mission de former des générations, d'inculquer le savoir, et la réintégration des repentis dans le secteur de l'éducation peut créer un problème. Pour remédier à cela, l'Etat a décidé d'indemniser les travailleurs licenciés », a indiqué, hier, Djamel Ould Abbas, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, en marge des travaux du Conseil de la nation. Des travaux consacrés au vote des textes de lois portant sur l'ordonnance relative à la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, celle relative au statut général des personnels militaires et l'ordonnance fixant les conditions et règles générales régissant la pratique des rites religieux non musulmans. Sur les 128 sénateurs, représentant les différentes formations au sein du Conseil de la nation, seul Rachid Arabi, membre représentant le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, a voté « contre » les trois textes de lois. Les autres élus ont voté « pour ». Etaient présents à cette séance en plénière, Tayeb Belaïz, ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, Abdelaziz Ziari, ministre des Relations avec le Parlement, ainsi que Djamel Ould Abbas,ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale. Samedi dernier, M. Belaïz avait présenté les deux textes de lois devant la commission des affaires juridiques, administratives et des droits de l'homme et la commission de l'éducation, de la formation, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique et des affaires religieuses du Conseil de la nation. Les membres de la commission juridiques ont interrogé le représentant de l'Etat sur le sort des terroristes qui seront arrêtés durant la période de six mois - délai accordé par les pouvoirs publics aux terroristes pour se rendre. Le ministre a indiqué que ces personnes, contrairement à celles qui se rendent, ne bénéficieront pas des dispositions de la charte pour la réconciliation et la paix. « Un délai de six mois a été accordé aux terroristes pour quitter le maquis et se repentir. Ceux qui rentre chez eux bénéficieront des dispositions de la charte et ceux qui seront arrêtés seront traduits devant les tribunaux », a souligné un membre de la commission. Il est également mentionné dans le rapport de la commission qu'un décret présidentiel sera signé prochainement, lequel portera sur l'indemnisation des personnes qui avaient des biens privés et qui ont été saccagés durant la décennie noire. Pour ce qui est de l'indemnisation des personnes victimes de la tragédie nationale, M. Ould Abbas a révélé que l'enveloppe financière concernant ce chapitre n'a pas encore été arrêtée et cela ne peut se faire qu'après l'élaboration du fichier portant les noms de toutes les personnes touchées par le problème. « La liste des victimes de la tragédie nationale sera finalisée au mois de mars, mais l'opération de vérification s'étalera sur les six mois à venir. Nous sommes en train d'étudier les dossiers au cas par cas, et ce, pour faire barrage aux fausses victimes », a déclaré M. Ould Abbas, qui illustrera ses propos par un exemple concret. Il dira, à cet effet, qu'un homme d'un certain âge s'est déplacé à son département en réclamant une indemnisation parce qu'il a été blessé par des terroristes. Après une enquête approfondie, les responsables du ministère ont découvert que la personne en question était victime d'un accident de la circulation... « La tragédie nationale est un dossier sensible et nous ne pouvons pas nous permettre de faire des erreurs. Il faut donc cibler et identifier exactement les bénéficiaires de ces indemnités. Nous devons prendre toutes les précautions nécessaires dans le traitement des dossiers des victimes afin d'éviter l'apparition de fausses victimes lors de l'application de l'ordonnance relative à la paix et la réconciliation nationale », explique le représentant de l'Etat. L'ordonnance en question ouvre, selon M. Ould Abbas, droit à des indemnités, des compensations et des mensualités, ce qui risque la manifestation de « fausses victimes, tel que fut le cas pour les sinistrés des catastrophes naturelles et des handicapés ».