Les grévistes de la faim de l'Etusa, ex-RSTA, ont entamé avant-hier leur huitième jour sur l'esplanade de la Maison du peuple. Huit jours sans que personne ne vienne s'enquérir de leur situation, ont indiqué les 13 compressés de l'entreprise de transport algérois. Même s'ils sont allongés sur des paillasses depuis huit jours, leurs propos remontent à des années plus loin. Plus exactement huit ans. Huit ans que dure leur problème pourtant définitivement tranché par la justice. Et en leur faveur. La veille, un gréviste a eu un malaise. Il a été transféré à l'hôpital Mustapha-Pacha. Il a repris sa place avec ses camarades dès qu'il a pu se remettre sur pied. Du côté du syndicat, de la Centrale syndicale plus précisément, l'écho est plutôt “sourd”. Alors qu'un responsable leur a promis que le problème est pris en charge à 90%, deux membres de la commission installée au niveau de la Fédération des transports viennent leur faire une proposition. Elle a été rejetée sur le champ. La raison est que ladite proposition, a expliqué M. Kherroubi Mohamed, porte-parole des grévistes, se veut comme une invitation à discuter des décisions rendues par la justice. “Les décisions de la justice, sont-elles discutables ?” a-t-il interrogé. En effet, la seule issue proposée par la commission consiste en leur réintégration au sein de l'entreprise, mais comme nouvelles recrues. Ce qui suppose un nouveau statut, un nouveau salaire et un nouveau contrat. Ce qu'ils ont refusé, forts des décisions de justice qui les ont réhabilités, mais que la direction de l'Etusa refuse toujours d'appliquer. “Une recette” déjà essayée juste après le licenciement de 302 employés, la direction a décidé de reprendre certains d'entre eux, mais avec de nouvelles conditions. C'est le cas de Djemaâ, ancien chef de ventilation qui se voit proposer le poste de receveur, après 25 ans de service. Quand il a réclamé son poste initial, il a soulevé la colère de la direction alors que le syndicat d'entreprise, clairement accusé de complicité, n'a pas branché. Pourtant, le 25 mars 1998, au début du problème, Sidi Saïd, le patron de la Centrale syndicale avait promis de prendre en charge le dossier. Et 10 mois de travail au sein de la commission syndicale n'ont toujours abouti à rien. Les changements et promotions opérés à la direction de l'entreprise n'ont fait qu'aggraver la situation des licenciés qui ont découvert qu'ils sont interdits d'allocation chômage pour faute de paiement de cotisations. Devant la sourde oreille du syndicat et de la direction de l'entreprise, les licenciés ont saisi l'Inspection de travail, le ministre des Transports, le ministre du Travail, mais la situation est demeuré bloquée. Aujourd'hui, par cette ultime action, les grévistes de la faim entendent interpeller le président de la République et le Chef du gouvernement pour les rétablir dans leurs droits et ouvrir une enquête sur la gestion de l'entreprise. Déterminé, comme ses collègues allongés à côté de lui, M. Kherroubi crie sa colère, sa rage de voir qu'aucun responsable dans “ce pays” ne réagit pour faire cesser la dilapidation du patrimoine de l'entreprise et “l'injustice”. Il clame haut et fort qu'il restera là à poursuivre sa grève jusqu'au bout : soit le suicide, une mort dont se rendront responsables ceux qui refusent de répondre ou le règlement définitif de leur problème. Ils exigent leur réintégration sans condition, dans leurs postes d'origine, le paiement intégral de leurs salaires. En fait, les droits que leur a reconnus la justice. Djilali B.