Outrage à corps constitué», tel est le chef d'inculpation retenu par le parquet de Ouargla à l'encontre de Yacine Zaïd, syndicaliste et militant des droits de l'homme. Il a été placé sous mandat de dépôt jusqu'à sa comparution, lundi 8 octobre, devant le tribunal de Ouargla. Il a été interpellé, dimanche, alors qu'il se trouvait dans un bus reliant Ouargla à Hassi Messaoud. «Il a été déféré devant le procureur dans la matinée (hier, ndlr). Il lui est reproché d'avoir insulté et frappé un policier, ce que nie formellement M. Zaïd», explique maître Dalila Kaci, son avocate, qui ajoute qu'il est prévu qu'elle rencontre le militant aujourd'hui. «Je viens de récupérer le dossier auprès du tribunal et les choses seront plus claires demain», conclut-elle. Car le flou demeure quant aux circonstances exactes de l'arrestation de Yacine Zaïd et de l'altercation qui a, semble-t-il, éclaté. «Nous ne savons pas, pour l'heure, avec exactitude ce qui s'est réellement passé. L'arrestation a-t-elle eu lieu avant ou après l'outrage dont M. Zaïd est accusé ? Et quels sont les motifs de la fouille et de l'interpellation ?», s'interroge maître Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) dont Yacine Zaïd est membre. Selon le témoignage de Abdelmalek Aibek, représentant du syndicat hôtellerie et restauration (UITA), avec lequel M. Zaïd voyageait, ce dernier a fait l'objet d'une arrestation «musclée». A la descente du bus, après le contrôle de ses documents d'identité, M. Zaïd a été emmené au poste de contrôle. «J'entre pour voir ce qui se passe. Je constate que Yacine est menotté, les mains derrière le dos, et que trois policiers sont en train de le tabasser sans s'arrêter», avait-il témoigné. La DGSN, par le biais de son chargé de la communication Djilali Boudalia, dément ces accusations de maltraitance. «Toutes les garanties quant au respect de ses droits ont été prises. Il a eu le droit à une visite médicale lors de son arrestation et après sa comparution. Il n'y a pas eu de violences à son encontre», résume M. Boudalia. Le Collectif des familles de disparus affirme cependant, dans un communiqué rendu public hier, qu'«il était dans un état physique préoccupant lorsque deux personnes habillées en civil se sont présentées et l'ont embarqué dans une voiture blanche de marque Nissan (4x4), sans plaque d'immatriculation. Abdelmalek Aibek a quant à lui été relâché sans que la police ne lui donne aucune information concernant la destination de la voiture blanche». Dans ce même document, le Collectif, qui dénonce vivement cette arrestation, appelle à la libération immédiate et inconditionnelle du militant. Il est aussi demandé aux autorités de «garantir en toute circonstance son intégrité physique et psychologique» et de «mettre fin au harcèlement judiciaire dont Yacine Zaïd est victime, qui ne vise qu'à sanctionner son rôle de défenseur des droits de l'homme, ainsi que celui de l'ensemble des syndicalistes et défenseurs des droits de l'homme en Algérie».