C'est bien connu. Pour tout savoir des nouvelles productions et autres tournages, des potins et des mondanités dans le milieu du cinéma, faut aller choper un technicien ou deux. Pas trois, sinon cela devient une secte. Et par le biais d'untel qui connaît «super bien» l'autre untel, Mohamed Lakhdar Hamina, surnommé Le Lion du Désert, lancerait le premier tour de manivelle de son tout dernier film, Le crépuscule de l'ombre, le 1er novembre 195… désolé, le 1er novembre 2012. Or, il y a quelques semaines, on apprenait qu'un autre dinosaure s'était lancé dans une nouvelle production, le (bien)nommé Ahmed Rachedi, qui, après avoir commis Benboulaïd, énorme faute professionnelle, se cogna le front contre une certaine forme de libération nationale intitulée Krim Belkacem. Et finit par penser tout haut : «Ma foi, je vais faire un film courageux, je raconterai toute sa vie et je m'arrêterai en 1962.» Tout ce qui concerne l'après, tout ce qui concerne l'assassinat de Mister Krim, aux oubliettes ! Au fait, définition du courage dans le premier dico attrapé au vol : «Trait de caractère qui permet de surmonter la peur pour faire face à un danger.» Bref ! Donc Hamina d'un côté, Rachedi de l'autre. Un cinéma poussiéreux, pétri de nationalisme, d'idéologisme, et de tous les -ismes de la surface du globe. On le sait, pourquoi s'en cacher : ils furent la gangrène du cinéma algérien, liquidant des sommes astronomiques pour financer leurs propres films au détriment de jeunes cinéastes désireux de graver leurs premières pellicules. Ils n'ont jamais réussi à filmer une Algérie au «Présent», toujours une nostalgie, voire un fantasme qui redonnait – soi-disant – l'identité aux Algériens. Ils n'ont jamais compris que le peuple voulait se voir à l'écran. Il faudra patienter jusqu'en 75 pour voir arriver Allouache avec Omar Gatlato, puis quelques années plus tard Beloufa et Nahla pour respirer et croire un chouia au cinéma fennec. Et maintenant, ces deux lascars reviennent pour montrer quoi ? Une autre Algérie, celle des grottes souterraines, avec au passage une histoire qui plaira à tout le monde, surtout aux mouches. Messieurs Hamina et Rachedi, un conseil d'un jeune prétentieux qui s'assume : «Ouvrez les stores, votre public est dehors ! Et non dans vos cauchemars d'enfant !» Perso, je veux savoir ce qu'ils pensent de l'Algérie contemporaine. Pour le reste, pas besoin d'eux, j'irai à la bibliothèque !