Le président Hollande a évoqué l'opération antiterroriste de la veille en soulignant qu'elle avait «permis d'anéantir, de mettre hors d'état de nuire une cellule islamiste dont tout laisse penser qu'elle avait déjà frappé et qu'elle pouvait aussi le faire dans les prochaines semaines». Paris. De notre bureau François Hollande a souligné que le projet de loi antiterroriste adopté par le gouvernement mercredi sera soumis au Parlement «dans les plus brefs délais», et permettra, a-t-il dit, de «renforcer encore les instruments pour être plus efficace contre ce fléau». Le gouvernement français a adopté, mercredi, un projet de loi qui permettra de poursuivre des Français qui commettent des actes de terrorisme à l'étranger ou qui partent s'y entraîner au djihad. Ce texte accorde aux tribunaux français une «universalité de compétences pour juger des actes de terrorisme commis par des Français à l'étranger» qu'ils n'avaient pas jusqu'ici, selon le ministère de l'Intérieur. Le président Hollande a, dans sa déclaration, hier depuis l'Elysée, réaffirmé également «l'intransigeance qui sera celle des pouvoirs publics pour lutter contre le racisme et l'antisémitisme». «Rien ne doit être toléré, rien ne doit passer, tout acte, tout propos sera poursuivi avec la plus grande fermeté», a-t-il dit, en assurant que «les lieux de culte seront encore davantage surveillés, car la laïcité dans notre pays, qui est un principe fondamental, conduit l'Etat à protéger tous les cultes». «Donc, a poursuivi Hollande, le ministre de l'Intérieur renforcera encore ces prochains jours, ces prochaines heures, les protections dont les lieux de culte ont besoin pour ne pas être soumis, comme cela été encore le cas hier soir, à des agressions.» Refus de tout amalgame Le chef de l'Etat français a insisté en outre sur «le refus de tout amalgame». «Les musulmans de France ne doivent pas pâtir de l'islamisme radical. Ils en sont aussi victimes. Je ne tolérerai pas que dans notre République des hommes et des femmes, parce qu'ils ont des convictions religieuses, puissent être mis en stigmatisation par des propos qui seraient déplacés», a-t-il dit. «Notre pays a besoin d'unité et non de division. La mission, qui est la mienne, c'est d'être ferme et capable de porter les valeurs de la République», a déclaré le chef de l'Etat français. «Si nous voulons être vigilants, efficaces dans la lutte contre toutes les dérives, celles qui commencent dans la délinquance, dans le trafic de drogue et qui se terminent dans le passage à l'acte terroriste, nous devons nous rassembler autour de valeurs, de principes de dignité, d'égalité, de respect de la femme.» Après avoir reçu les représentants de la communauté juive, François Hollande a appelé le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui. Pour sa part, la Grande Mosquée (GM) de Paris lance un appel afin que les musulmans de France puissent «prendre conscience de la situation préoccupante dont il urge de prendre toute la dimension». «Depuis les odieux attentats perpétrés par Mohamed Merah, chacun peut en effet regretter que cette affaire loin d'être isolée et exceptionnelle révèle malheureusement la présence et la formation de nouveaux candidats à la radicalisation d'un islam djihadiste», relève la GM de Paris dans un communiqué. Et de rappeler que «la quasi-totalité de la communauté musulmane de France refuse de se reconnaître dans ces dérives qui sont sources d'amalgames constituant un grave préjudice pour elle». Et d'appeler à la réunion de «l'ensemble des principales organisations musulmanes chargées du culte afin de réfléchir en commun sur les solutions pouvant permettre d'éviter la propagation d'activités terroristes contraires aux valeurs de la République et aux principes humanistes de l'islam». «En France, le premier risque terroriste n'est pas importé» Onze personnes étaient en garde à vue, hier, après le démantèlement d'une cellule islamiste radicale. Leur garde à vue peut se poursuivre quatre jours, soit jusqu'à mercredi. Hier matin, la police poursuivait ses perquisitions à Cannes en lien avec l'interpellation la veille dans la ville de deux hommes soupçonnés de faire partie de ce groupement. Les onze gardés à vue sont Français, plusieurs sont convertis. Trois ont un casier judiciaire pour des affaires de trafic de drogue, de vol et de violence. Les objectifs de cette «cellule» restent toutefois obscurs. L'opération de police est intervenue, rappelle Le Parisien, «dans le cadre de l'enquête sur le jet d'un engin explosif de faible puissance dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise), le 19 septembre». L'auteur de cette attaque, Jérémie Louis-Sidney, a été tué l'arme au poing lors de son interpellation samedi à Strasbourg. Décrit par la justice comme «très déterminé» et voulant «finir en martyr», Jérémie Louis-Sidney, 33 ans, vivait très discrètement dans un quartier paisible de Strasbourg chez l'une de ses épouses religieuses, selon des témoins. Il était connu de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) depuis le printemps 2012. Il avait été condamné à Grasse en 2008 à deux ans de prison pour trafic de stupéfiants. Lors de l'opération, les policiers ont trouvé «de la littérature islamiste» ainsi qu'une «liste d'associations israélites en région parisienne», a déclaré le procureur de Paris, François Molins. Une liste où ne figuraient pas de personnalités, a précisé le président du CRIF, Richard Prasquier, après la rencontre avec François Hollande. En France, le premier risque terroriste n'est pas importé, mais représenté par des jeunes qui y ont grandi. «C'est toute la difficulté... Il ne s'agit pas de réseaux terroristes qui viennent de l'extérieur, il s'agit de réseaux qui sont dans nos quartiers. Il ne s'agit pas d'étrangers, il s'agit de Français convertis, de Français musulmans», a expliqué samedi soir Manuel Valls alors qu'il était invité du journal télévisé de TF1. Mais «ne confondons pas ces gens» avec la communauté musulmane de France, a ajouté le ministre de l'Intérieur. «Il s'agit de mettre hors d'état de nuire des terroristes, des apprentis terroristes», qui «peuvent passer à l'acte à tout moment» et «tout le travail de la police est d'anticiper ces phénomènes et ces actes», a-t-il poursuivi. «Il y a une menace terroriste en France», qui se nourrit «de fantasmes, de haines» et aussi «d'un contexte géopolitique». «Il faut être conscient de cette menace», a également répété le ministre de l'Intérieur. Le président du CRIF compare l'islamisme radical au nazisme Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Richard Prasquier, a comparé hier l'islamisme radical, «une idéologie monstrueuse», au nazisme. «Ces dernières années, (...) il y a eu beaucoup trop d'indulgence, parfois même de complaisance vis-à-vis de ces fanatiques du radicalisme islamique dont il faut répéter très fort qu'il s'agit d'une idéologie monstrueuse, d'une idéologie de haine qui ne peut être comparée qu'à une idéologie nazie», a déclaré Richard Prasquier dans la cour de l'Elysée. «Etre complaisant vis-à-vis de l'islam radical, c'est être complaisant vis-à-vis du nazisme», a-t-il ajouté devant la presse.Le responsable du CRIF faisait partie de la délégation reçue, hier, à l'Elysée par le président François Hollande.