Si au sein du comité de travail qui planche sur la nouvelle stratégie industrielle, on se montre prudent sur les résultats qui en découleront, du côté des entreprises, c'est plutôt le «wait and see». Amar Takjout, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et cuirs, l'un des secteurs industriels le plus en difficulté, considère déjà comme un point positif le fait qu'un «état des lieux de la situation» soit fait en ce moment. «C'est ce que nous avions demandé», dit-il, même s'il reconnaît qu'il y a un manque de communication. Il faut rappeler que le gouvernement, dans le but de relancer ce secteur, avait annoncé, il y a quelques mois, l'octroi de 2 milliards de dollars pour assainir la dette bancaire, fiscale et parafiscale de ces entreprises, ainsi que pour l'investissement et la formation. «C'est bien d'aider l'entreprise, mais il faut également voir si l'environnement dans lequel elle évolue est propice pour cette relance. Il faut notamment voir si sur le plan du management, il y a les personnes qui sont à même de traduire la volonté du gouvernement», estime M. Takjout. Affaibli par des années de désinvestissement, ce secteur a été laminé par le niveau des importations. Selon la Fédération, les entreprises nationales du textile détiennent moins de 10% d'un marché algérien, dont la valeur se situe autour de 2 milliards de dollars. Ces mêmes entreprises n'emploient plus que 15 000 salariés contre pas de moins de 200 000 il y a vingt ans. Comment relancer le secteur dans ces conditions ? Pour M. Takjout, l'option du partenariat étranger est fortement souhaitée. «Il faut sortir de la frilosité qui existe au niveau du secteur et tenter des expériences en matière de partenariat. Il y a des partenaires nationaux et étrangers qui sont disposés à participer à l'effort de relance, mais il faut que les opérations dans ce sens soient accélérées et appliquées sur le terrain, sinon, toutes les volontés ne resteront que des vœux pieux». Il est nécessaire, pour notre interlocuteur de mener des «actions volontaristes» et ensuite d'en «faire le bilan». Quant au meilleur moyen pour aider les entreprises en difficulté et qui ont des problèmes de plan de charge, le SG de la Fédération pense qu'au lieu de les faire entrer dans l'engrenage de «l'endettement», il serait plus judicieux d'envisager l'option du «chômage partiel». L'entreprise payera une partie des salaires et le reste sera pris en charge par la caisse d'assurance chômage qui a «beaucoup d'argent et qui ne sait pas quoi en faire». Sur les 2 milliards de dollars de la relance prévus pour ce secteur, l'endettement représente 60%.