Dans une interview accordée à un journal électronique, Amar Takjout, président de la Fédération nationale des travailleurs du textile, cuir et bois, évoque le climat des affaires en Algérie et la multitude d'opportunités d'investissements, regrettant la négligence des autorités pour l'industrie manufacturière qui, selon lui, aurait pu «créer plus d'un million d'emplois». A une question sur l'intérêt que portent certaines compagnies étrangères pour l'investissement dans notre pays, notamment dans le domaine du textile, Takjout a déclaré que c'est une démarche à encourager, car, confirme-il, cela «permettra d'améliorer nos capacités de production et de faire face à la concurrence des produits asiatiques qui inondent le marché algérien» en évoquant en ce sens, le savoir-faire turc, qui a su concurrencer le textile chinois. «La règle 51-49 ne pose aucun problème» A la question de savoir si les Turcs trouvent eux aussi, le climat des affaires en Algérie désavantageux, comme certains opérateurs économiques étrangers, le président de la fédération du textile, a expliqué que les Turcs, de part leurs nombreuses participations aux foires, organisées en Algérie, ont pu établir des relations d'affaires avec des chefs d'entreprises algériens. «La règle 51-49 ne pose aucun problème. Les Turcs sont prêts à prendre moins que 49% des actions. L'essentiel pour eux c'est de produire des modèles d'habillement qu'ils peuvent vendre facilement sur le marché local», a-t-il encore expliqué. S'agissant de l'aboutissement d'un partenariat entre l'Algérie et les Turcs dans le domaine du textile, Takjout a affirmé «qu'il n'y a aucune raison» qui peut l'empêcher, tant qu'il y a, poursuit-il, la bonne volonté, les compétences et le savoir-faire nécessaires pour ce faire. Pour ce qui est du plan d'assainissement, d'un montant de 2 milliards de dollars, dont a bénéficié l'industrie du textile, Takjout a certifié que «le programme est lancé, des entreprises ont été sauvées de la faillite et des millions d'emplois ont été conservés». Pour lui, il ne suffit pas d'injecter de l'argent pour relancer l'industrie du textile. Si le secteur n'arrive toujours pas à se relever, c'est en grande partie à cause de la politique des années 90, qui ont été «préjudiciables» pour le secteur du textile, où des centaines d'entreprises publiques ont été fermées. Dans le même contexte, il a estimé que les mentalités, sur le plan managérial «doivent être changées», préconisant «la création d'une culture d'entreprise basée sur le marketing». Il a également évoqué le recours excessif à l'importation, qui selon ses dires «tue non seulement la production locale mais aussi toutes les bonnes idées d'investissement» en passant par la bureaucratie et les règles «pas toujours claires». Revenant sur l'importation, Takjout a tenu à préciser que tous les pays importent, mais seulement, en Algérie, «l'importation a étouffé la production locale». «95% des besoins de l'Algérie en textile et cuir sont importés. Si on produisait 25% de nos besoins, cela permettrait la création d'un million d'emplois», a-t-il indiqué. Pour relancer ce secteur, l'interlocuteur a préconisé une «réorganisation de l'industrie manufacturière» et «un changement dans le comportement des dirigeants des entreprises et des employés». «Il faut former le personnel à tous les niveaux, faire preuve de créativité et faire appel aux artistes et stylistes. Si l'on veut percer, il faut qu'on encourage l'innovation. On ne peut pas, en 2012, continuer à produire des modèles des années 70», a-t-il conclu.