L'interdiction de l'importation de la friperie est saluée par les syndicalistes de l'UGTA, qui estiment que la décision est venue corriger la manière dont a été adopté l'article incriminé dans la loi de finances complémentaire pour 2010. Amar Takjout secrétaire général de la fédération du textile, affiliée à l'UGTA, s'est réjouit de cette décision qui est en fait le prolongement de la volonté du gouvernement de relancer le secteur du textile. Un secteur qui a bénéficié de la part du lion dans le programme tracé par les pouvoirs publics, puisque " 70% des 2 milliards de dollars sont alloués au secteur du textile qui est le plus important en termes d'activité ", a déclaré Amar Takjout sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale. Néanmoins, les dépenses pour éponger les dettes des entreprises sont importantes et représentent " 60% des aides de l'Etat ". Pour Amar Takjout, l'intervention de l'Etat aujourd'hui permettra de " préserver des emplois et d'en créer d'autres, notamment à l'intérieur du pays pour " éviter l'exode des populations vers les grandes villes et aussi les émeutes ". Il fera remarquer que la plupart des unités de fabrication sont implantées dans des régions pauvres qui ne vivent que de ces métiers mais une cinquantaine de ces unités sont actuellement fermées. Le nombre de postes d'emploi perdus est estimé à 30 000 dans le secteur public et 15 000 dans le privé, à cause des difficultés rencontrées par les entreprises. Il s'agit maintenant de travailler à récupérer les unités fermées et un programme est déjà établi, prévoyant la réouverture prochainement de trois usines, dont l'unité de fabrication de chaussures à Cheraga et l'unité de filature de Tébessa. Amar Takjout demande également de rouvrir l'unité de Frenda, à Tiaret, qui a perdu toute son activité, ajoutant que les autres unités seront étudiées au cas par cas. Mais la relance du secteur ne pourrait donner des résultats sans l'organisation du circuit de vente. Sur ce point, le SG de la fédération du textile réitère son appel à l'ouverture et la création de nouveaux magasins témoins dans les différentes régions pour faire connaître le produit local que ce soit pour l'habillement ou autre. " La distribution pose un sérieux problème et la fermeture des magasins existants est un véritable gâchis ; il est suicidaire de fabriquer sans disposer de magasins", se désole Amar Takjout. Sans une véritable stratégie, le secteur du textile qui n'a que " 5% de parts de marché ne pourra pas se développer et atteindre les objectifs de 28% de parts de marchés à court terme ". La demande locale est, ainsi satisfaite par l'importation, dont les " produits souvent ne répondent pas aux normes car ils sont fabriqués par des enfants et deviennent concurrentiels car les producteurs, asiatiques notamment, ne payent pas de taxes ". La raison pour laquelle il appelle les pouvoir à " réguler le circuit de l'importation non pas par des discours mais appliquer une ouverture du marché responsable ainsi qu'une organisation des professionnels ". A titre d'exemple, il citera la collecte des peaux qui est entre les mains des contrebandiers qui exportent à coup de millions de dollars et ne profitent qu'à des pays comme la Turquie, la Syrie ou la Tunisie. Amar Takjout préconise de créer des entreprises de collecte de peaux via le dispositif Ansej qui seront liées par des conventions avec les tanneries.